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CHANGER ET PROGRESSER : HISTOIRE D’UNE STAR D’eLA

Par Harold Elletson

Chaque édition d’eLearning Africa voit émerger des stars. Certains intervenants, participants ou même exposants trouvent un écho particulier auprès du public, sortent du lot ou créent un véritable engouement grâce à un nouveau produit ou service. Une des plus grandes stars de l’édition 2018 d’eLearning Africa (Kigali) est sans aucun doute la jeune chef d’entreprise rwandaise Clarisse Iribagiza.

 

Clarisse Iribagiza

Malgré la présence de quelques grands noms tels que Martin Dougiamas, fondateur de Moodle, ou le professeur Nii Narku Quaynor, « père de l’Internet africain », avec son esprit vif, son intelligence supérieure à la moyenne et son charme, qui ont tous eu un effet dévastateur lors du débat, Clarisse est apparue comme une des stars de l’édition 2018.

La cofondatrice et PDG de DMM.HeHe, une société qui utilise des technologies innovantes pour permettre aux entreprises de proposer leurs produits et services à plus de 2 millions de clients en Afrique, a créé sa start-up en 2010, à tout juste 22 ans. À l’époque, elle était encore étudiante au College of Science de l’université du Rwanda et avait déjà suivi un programme d’incubation au MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Clarisse est l’exemple parfait de ce qui rend la jeune génération d’entrepreneurs africains si attractive pour les investisseurs extérieurs. Intelligente, astucieuse et maîtrisant le numérique, elle est titulaire d’un MBA de l’African Leadership University School of Business. Elle est également membre du Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse à la Banque Africaine de Développement. Il est facile d’imaginer qu’elle ira loin… et vite.

Clarisse est passionnée de technologie et comprend instinctivement le rôle essentiel que celle-ci jouera dans la transformation de l’Afrique. « Toute jeune déjà, je comprenais facilement comment les choses fonctionnaient, explique-t-elle. Mes amis préféraient m’apporter leurs gadgets plutôt que de lire des manuels interminables. Je me suis retrouvée en train de leur apprendre à utiliser la technologie et c’est comme ça que ma carrière a commencé. »

Estimant qu’il est indispensable de créer des liens entre apprentissage et monde du travail, Clarisse a eu l’idée de l’entreprise qu’elle a fondée alors qu’elle était encore étudiante.

« Pendant des mois, j’avais travaillé sur différents projets, que ce soit à l’école ou en dehors. Puis, alors que j’étais encore à l’université, j’ai été sélectionnée pour participer à un programme d’incubation du MIT qui portait sur l’entreprenariat et le développement d’applications mobiles. Il s’agissait d’une aire de lancement parfaite pour HeHe, un projet scolaire qui a fini par devenir l’entreprise que nous connaissons aujourd’hui. »

Contrairement à bon nombre de ses collègues entrepreneurs, elle a eu la chance de bénéficier d’un large soutien de la part d’amis et de contacts, dont certains sont assez surprenants. « Pratiquement toutes les personnes que j’ai contactées m’ont aidée, que ce soient les professeurs de l’université qui m’ont autorisée à faire mon stage obligatoire dans ma propre entreprise ou le président lui-même, dont la modeste contribution a inspiré bon nombre des programmes que nous avons ensuite mis en place. »

Clarisse est persuadée que la technologie est capable de transformer les perspectives des travailleurs africains et qu’elle aura des répercussions profondes sur les vies des femmes tout en contribuant à la réalisation de la vision 2063 d’un « continent transformé » émise par l’Union africaine.

« Si l’on considère plus spécifiquement la technologie numérique, une bonne partie des obstacles physiques au travail seront éliminés, par exemple l’accès aux talents et aux informations. Un jeune pourra travailler pour n’importe quelle entreprise du monde sans avoir à quitter sa ville d’origine, simplement en utilisant une connexion Internet. Imaginez l’impact que cela pourra avoir sur les communautés. C’est d’ailleurs déjà le cas dans des entreprises comme Andela et Freelancer.com. Je crois également que les technologies numériques permettront à un plus grand nombre de femmes de rester actives sans avoir à faire de compromis entre leur carrière et leur famille. Pour moi, il s’agit des impacts les plus significatifs que la technologie aura sur la société. »

Clarisse considère la croissance de la population africaine et la proportion toujours plus importante de jeunes comme des avantages significatifs pour les pays africains.

« J’estime que la démographie est une opportunité et une ressource pour le continent et que, comme toute ressource, elle doit être bien gérée. Je ne peux qu’imaginer ce qu’une population africaine éduquée, connectée et en bonne santé pourra apporter au reste du monde. Cette population sera le vecteur de la transformation souhaitée par l’Union africaine. Toutefois, pour tirer le maximum de profit de cette opportunité, les dirigeants africains vont devoir investir pour doter les jeunes des compétences dont ils ont besoin pour devenir compétitifs dans le monde moderne. Or ces compétences risquent d’être très différentes de celles dont leurs parents et grands-parents avaient besoin.

« Les jeunes Africains auront besoin de compétences numériques. Toutefois, sachant qu’un certain nombre de tâches peuvent être automatisées grâce à l’IA, je pense que la principale compétence est la capacité à penser de manière critique et à résoudre les problèmes. Car il y aura toujours des problèmes à résoudre. L’expansion démographique sera probablement synonyme de « nombreuses opportunités dans l’urbanisation et l’agriculture, ainsi que dans l’éducation ».

Clarisse est très optimiste pour l’avenir et considère « la peur du changement en elle-même » comme le principal obstacle à la transformation de l’Afrique. Ce n’est pas une crainte qu’elle partage. Elle est, en effet, convaincue que le changement fait partie intégrante de l’avenir de son entreprise.

« Le slogan de DMM.HeHe est ‘Inventer l’avenir’, pour que nous n’oublions jamais combien il est important d’innover et de s’adapter constamment au changement. Nous avons programmé nos esprits pour qu’ils assimilent le changement à la croissance. »

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