Aperçus de la conférence, Sur le terrain

Ardents défenseurs de l’égalité numérique au Lesotho

NUL staff using THUTO -- An Interactive Online Platform for Staff and Students
NUL staff using THUTO — An Interactive Online Platform for Staff and Students

Dans leur volonté de rester au niveau de leurs voisins, le développement des TIC est souvent un domaine dans lequel de nombreux pays africains prennent du retard. Sans compter qu’avec l’élargissement de la fracture numérique, de nombreuses opportunités économiques risquent de leur échapper. Motivés par leur  voisinage avec l’Afrique du Sud, un des pays africains les plus avancés dans le domaine du numérique, certains enseignants du Lesotho s’efforcent de ne pas se faire distancer.

Par Annika Burgess

« Si la fracture numérique est trop importante entre deux pays voisins, les deux en pâtissent. Leur langage économique, qui est de nos jours souvent basé sur la technologie, n’est alors plus au même niveau », explique Lehlohonolo Mohasi, enseignant en technologies de l’éducation à l’université nationale du Lesotho (NUL).

L’Afrique du Sud se classe en troisième position des pays africains pour l’Indice de développement des TIC publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT) alors que le Lesotho n’arrive qu’en 13e position. Le petit pays enclavé a pourtant fait des progrès en matière de TIC : le Plan national de développement stratégique 2013-2017 du gouvernement vise en effet à améliorer l’infrastructure permanente à haut débit et l’écosystème Internet, à mettre en place un accès universel et à améliorer la maîtrise des TIC. L’utilisation d’Internet devrait encore s’améliorer avec l’introduction de services LTE en octobre 2014.

Mais M. Mohasi estime que le secteur de l’enseignement n’est pas assez soutenu et qu’il ne bénéficie donc pas de ces avancées. Résultat, le Lesotho perd ses meilleurs étudiants qui préfèrent émigrer vers d’autres pays.

« Actuellement, la plupart des jeunes de mon pays vont étudier en Afrique du Sud et finissent par s’y installer pour travailler, ce qui signifie qu’ils participent au développement du pays « hôte » au lieu de contribuer au développement de leur propre pays […] Les étudiants qui commencent leurs études au Lesotho ont également beaucoup de mal à suivre lorsqu’ils décident de poursuivre leur cursus dans des établissements d’Afrique du Sud. »

Déterminée à stimuler l’utilisation des technologies dans l’éducation, l’université nationale du Lesotho (seule université publique du pays) a récemment mis en place un système de gestion de l’apprentissage (Learning Management System – LMS) et créé un Centre pour l’enseignement et l’apprentissage (CTL) avec l’aide du département Sciences et Technologies de l’université.

« Nous voulons faire en sorte que le personnel enseignant et les étudiants maîtrisent l’informatique et le numérique, mais aussi qu’ils soient capables d’utiliser les outils technologiques à bon escient, afin d’enrichir leur enseignement pour les premiers et de favoriser leur apprentissage pour les seconds », indique M. Mohasi.

Une fois achevé, le Centre permettra aux enseignants de participer à des webcasts, à des ateliers et à des formations en ligne et de rester au fait des nouvelles technologies.

M. Mohasi explique que ni les uns ni les autres n’affichaient beaucoup d’intérêt pour le projet au départ, mais que les choses sont en train de changer. Enseignants et étudiants commencent à mieux comprendre la nécessité, la pertinence et l’efficacité du système pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Sans compter qu’avec de meilleurs outils et une connexion à Internet plus rapide, « les enseignants et les étudiants devraient commencer à apprécier tout le potentiel de la technologie et son intérêt pour faciliter l’enseignement ».

Le Centre n’emploie pour l’instant que trois personnes et manque encore de ressources, mais il a commencé à envoyer des propositions techniques à des donateurs potentiels afin de solliciter des financements. Il est également en train de mettre en place des partenariats avec des établissements d’enseignement supérieur d’autres pays afin d’échanger des bonnes pratiques.

L’université nationale du Lesotho fait son maximum pour surmonter les obstacles à l’adoption des TIC dans l’enseignement supérieur, mais il lui reste encore beaucoup à faire. Lorsque l’on sait qu’à 520 kilomètres de là, en Afrique du sud, 80 % des écoles disposent d’infrastructures d’eLearning, il est clair qu’il reste au continent beaucoup de chemin à parcourir pour garantir l’égalité numérique.

Lehlohonolo Mohasi viendra évoquer cette question lors de la conférence eLearning Africa qui aura lieu du 20 au 22 mai à Addis-Abeba, Éthiopie. 

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