Sur le terrain

La classe inter-continentale: de l’Inde à la Tanzanie

Le Gouvernement indien et l’Union africaine ont lancé le Projet d’e-Network Panafricain en 2009 afin de permettre aux universités indiennes de partager leur expertise avec leurs homologues africaines. Cent cinquante étudiants de l’Université de Dar es Salaam sont inscrits dans ces programmes de télé-éducation et le bilan est encourageant.

Un reportage de Ludger Kasumuni

Le Dr Hashim Twaakyondo, directeur du Centre for Visual Learning (Centre d’Apprentissage visuel) de l’Université de Dar es Salaam (UDSM), a expliqué que l’initiative de télé-éducation est le fruit d’une collaboration avec trois universités indiennes (l’Université Amity, l’Université Indira Gandhi et l’Université de Madras) proposant des cours magistraux en direct aux étudiants. « Le procédé est interactif : les étudiants peuvent directement poser des questions aux professeurs. Ils interagissent également avec leurs pairs dans des universités d’autres pays d’Afrique, tels que le Ghana, le Rwanda, l’Ouganda et le Nigeria qui proposent des programmes similaires », a déclaré Hashim Twaakyondo.

Lancé au UDSM en 2010, le programme semble d’ores et déjà enregistrer des résultats positifs. « La première admission était composée de 80 étudiants inscrits en Master il y a deux ans, indique Hashim Twaakyondo. Ils devraient finir leurs études cette année. Une deuxième admission d’environ 70 étudiants en licence a eu lieu ». Hashim Twaakyondo a expliqué que le Centre for Visual Learning, faisant partie du College of Information and Communication Technology (Institut de la Technologie de l’Information et de la Communication) de l’UDSM, s’efforce de mobiliser davantage de ressources pour que le plus grand nombre de Tanzaniens bénéficient des dernières technologies d’apprentissage et d’enseignement offertes par ce programme.

La technologie utilisée pour les vidéoconférences n’est certes pas révolutionnaire ; ce qui est nouveau ici, en revanche, c’est la collaboration enthousiaste et transcontinentale de plusieurs universités africaines et indiennes. Le programme a tout d’abord été lancé en 2008, a déclaré Maximilian Makungu, Administrateur système au Centre for Visual Learning. « C’est une initiative du gouvernement indien, en collaboration avec l’Union africaine. Le projet vise à renforcer le développement de la technologie de l’information et de la communication ainsi que l’enseignement en Afrique. À présent, les cours sont dispensés par le biais de vidéoconférences retransmises par un satellite puissant situé en Inde, mais d’ici à quelques temps, des cours magistraux seront diffusés par des centres satellitaires en Afrique », a souligné Maximilian Makungu. Plus de quarante mille étudiants en Afrique sont inscrits à ces cours et les pays impliqués comprennent le Cameroun, l’Ouganda et la Zambie.

Le Coordinateur du Centre for Visual Learning de l’UDSM, Zedekia Musabalala, a annoncé que les universités indiennes fournissent également des livres et d’autres matériels d’enseignement. M. Musabalala a affirmé que les étudiants inscrits aux programmes de télé-éducation disposent d’un réel avantage en termes de processus d’apprentissage, par rapport aux étudiants assistant aux cours classiques de l’UDMS. Il a ajouté que les salles de cours magistraux de l’UDMS sont généralement surchargées (entre 150 et 400 étudiants entassés dans un petit espace), rendant la communication entre étudiants et professeurs difficile.

Les étudiants qui suivent les cours de télé-éducation bénéficient, pour leur part, de conditions de travail bien plus agréables. Williafa Mlinga, titulaire d’une licence en sciences et étudiant en Technologie de l’Information, a déclaré que les cours de télé-éducation donnent non seulement la chance aux étudiants de travailler avec les derniers logiciels et innovations dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), mais qu’ils sont également reconnus à l’échelle internationale, offrant ainsi aux étudiants de l’UDSM un avantage évident par rapport aux étudiants d’autres universités locales, qui se trouvent face à des programmes d’études dépassés en TIC. « Ces cours se caractérisent notamment par le fait qu’ils se déroulent chaque année sur deux semestres et qu’ils sont flexibles ; ils nous offrent ainsi un environnement d’enseignement efficace », explique Williafa Mlinga. « Il est possible, via Internet, d’accéder à tout moment à des supports pédagogiques, car les cours magistraux sont également enregistrés. »

Williafa Mlinga, aujourd’hui fonctionnaire, souligne que le caractère raisonnable des frais constitue un autre facteur contribuant à l’attractivité des cours de télé-éducation pour les étudiants. Les programmes de Master et de Licence ne coûtent que 1,5 million de shillings (environ 940 dollars américains) par an, ce qui est abordable pour des personnes sans emploi. Williafa Mlinga est également impressionné par le fait qu’il n’y ait eu aucun cas de triche ou de fuite de sujets d’examen, un fléau qui touche de nombreuses universités locales. Grâce à la télé-éducation, toute probabilité de falsification d’écriture ou de tricherie est éliminée, les examens étant codés par un système informatique particulier.

Une autre étudiante, Ruva Tunze, préparant un master en administration des entreprises, spécialité Finance et contrôle de gestion, a révélé à eLearning Africa News que grâce aux cours de télé-éducation proposés par l’Université Amity en Inde, elle a beaucoup appris sur sa spécialisation, notamment en matière de collecte de fonds et de gestion financière. Elle affirme que les vidéoconférences sont de qualité, les étudiants comprennent donc les cours magistraux sans difficulté et peuvent interagir grâce à des sessions de questions/réponses avec les enseignants des universités indiennes.

Salum Msongela est un étudiant en deuxième année, préparant une licence d’administration des entreprises. Il exprime un avis comparable et des sentiments identiques concernant le programme de télé-éducation, qui propose une qualité d’enseignement supérieure à celle des universités locales, caractérisées par un faible environnement d’apprentissage et d’enseignement. Cela s’explique en grande partie par des cours magistraux surchargés et en dessous de la moyenne, par l’absentéisme des professeurs et par un manque de supports pédagogiques adéquats. « Grâce aux vidéoconférences de télé-éducation, j’ai accès aux dernières connaissances ainsi qu’à des cultures et à des méthodes d’enseignement étrangères. Nous récoltons énormément de connaissances qui pourront être utilement employées en Tanzanie. »

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