Au Zimbabwe, huit mille écoles primaires et secondaires seront prochainement connectées à Internet. Comme l’indique Nelson Chamisa, Ministre zimbabwéen des Technologies de l’information et de la communication, cette mesure s’inscrit dans le cadre du nouveau programme d’eLearning lancé par le pays. « L’ensemble des composantes politiques du gouvernement ont convenu que l’eLearning devait être inscrit au rang des priorités pour améliorer notre système éducatif », explique le ministre, ajoutant que l’Etat fournira des ordinateurs aux écoles afin qu’elles puissent passer au numérique d’ici à 2014.
Par Golden Maunganidze
Ce programme intervient à un moment où le pays, pour la première fois depuis six ans, procède à une réforme de sa politique nationale en matière de TIC. Lancé dans l’école primaire de Chogugudza, dans la province du Mashonaland oriental, en mars dernier, le programme national d’eLearning visera dans un premier temps les écoles situées dans des zones raccordées au réseau électrique national.
La pénurie d’électricité dans la plupart des zones rurales du Zimbabwe explique, pour une part, l’échec il y a dix ans de la première tentative d’informatisation des écoles du pays. L’effondrement de l’économie et la fuite des cerveaux qui s’en est suivie parmi les enseignants qualifiés dans tout le pays, ont frappé durablement le secteur de l’éducation autrefois particulièrement brillant au Zimbabwe. L’UNICEF indique qu’en 2009, 94 % des écoles situées en zones rurales avaient fermé leurs portes et que le taux de scolarisation des enfants avait chuté de 80 à 20 %. L’UNICEF avait payé les droits de scolarité de plus de quatre cent mille élèves défavorisés des écoles primaires au travers du Module d’assistance à l’éducation de base (BEAM), mais l’agence des Nations unies a récemment annoncé qu’elle se retirait du programme. Le nouveau programme national d’eLearning aura la lourde mission d’atteindre les régions les plus reculées du pays, dans lesquelles les écoles ne bénéficient pas de financements suffisants.
Jeffreyson Chitando, membre de la commission parlementaire en charge de l’Education, des Sports et de la Culture, a indiqué que le pays était désireux de voir les zones rurales bénéficier du programme d’eLearning. « Notre commission devra s’assurer qu’aucune école n’est exclue du programme national d’eLearning actuellement en cours. Nous sommes conscients des atouts de l’eLearning, précise Jeffreyson Chitando, et nous allons nous assurer qu’aucun élève ne sera lésé en termes d’accès aux technologies modernes telles que l’Internet. »
Ce projet de grande ampleur permettra-t-il de redorer le blason d’un système éducatif zimbabwéen autrefois glorieux ? Des universitaires de tout le pays ont soutenu la nécessité de promouvoir, plus que jamais, les initiatives d’eLearning. Wiseman Magwa, professeur et Vice-chancelier de l’Université de l’église réformée (RCU), a indiqué que les universités de création récente, telles que la sienne, étaient prêtes à abandonner les anciennes méthodes pédagogiques afin d’adopter des approches plus modernes.
Le Conseil pour l’Education supérieure du Zimbabwe a récemment accordé à la RCU la possibilité de délivrer des diplômes sanctionnant quatre années d’études, et ce à compter du mois d’août 2012. « Nous voulons poursuivre dans cette direction, indique Wiseman Magwa, afin d’évoluer à terme vers des « universités sans murs ». Dans ce contexte, nos enseignants utiliseront les nouvelles technologies pour donner leurs cours, alors même qu’ils ne se trouvent pas physiquement sur le campus. Nous devons changer afin d’être tous pleinement conscients que l’eLearning rend l’apprentissage plus facile et plus agréable ».
S’il faut se féliciter de ce programme national d’eLearning, il y a lieu, aux yeux du Dr Jacob Mapara de la Great Zimbabwe University, « d’encourager les responsables des écoles, des lycées et des universités à former leurs étudiants afin qu’ils tirent pleinement parti des nouvelles technologies de la communication ». Au vu de la tâche immense à accomplir pour parvenir à rétablir et restaurer la qualité globale du secteur éducatif du Zimbabwe, il conviendra de suivre de près l’évolution du programme national d’eLearning dans ce pays.