L’accessibilité aux soins de santé a obtenu, lors de ces dix dernières années, une aide technologique substantielle, grâce notamment au développement de systèmes de communication en mesure de fournir très simplement aux usagers des informations pertinentes. Cette accessibilité n’est nulle part aussi essentielle qu’en Afrique où un immense écart subsiste, dans la prestation de services de soins de santé, entre zones rurales et urbaines, et où sévit une grave pénurie de professionnels de la santé qualifiés. Les systèmes médicaux se mettant en place aujourd’hui forment autant d’institutions différentes à travers le continent, et le potentiel innovateur s’en trouve démultiplié, tant dans le secteur privé que dans le cadre des politiques gouvernementales et de la stratégie nationale. eLearning Africa se penchera sur l’intensification des systèmes de santé et sur la manière dont ces technologies contribuent à l’attribution de soins de santé et d’une formation médicale, et ce même dans les régions les plus reculées d’Afrique.
Par Claire Adamson
A l’aube de ce nouveau siècle, les Objectifs de Développement du Millénaire de l’UNESCO se sont fixé pour but un monde plus sain et plus stable à l’orée 2015. L’accès à l’information fournie par les nouvelles technologies de l’information et de la communication contribue déjà de façon significative à ces progrès. Ceci est particulièrement vrai en Afrique où le climat rude, l’instabilité politique et le manque d’infrastructures ont gravement mis à mal les systèmes de santé locaux. Les professionnels ayant accès, grâce à de nouveaux systèmes de diffusion de l’information, à la formation, aux ressources et aux renseignements concernant les patients, sont aujourd’hui en mesure de prendre des décisions rapides, pertinentes et individualisées. Ces systèmes permettent également de promouvoir la responsabilisation et l’analyse par le biais de la transparence, attendu que toutes les interactions avec les patients peuvent être suivies et enregistrées. Les dossiers des patients promeuvent également la sensibilisation des personnes suivies quant à leur santé et les aident par là même à prendre conscience de celle-ci.
Le Réseau en Afrique Francophone pour la Télémédecine (RAFT) propose un tel système. Le projet, mis en place par l’Hôpital Universitaire de Genève et la Fondation La Santé sur Internet, est présent dans 13 pays africains et vise à faciliter la collaboration entre les établissements de soins de santé par le biais du télé-enseignement et de la téléconsultation. La plateforme favorise le partage des connaissances et a rencontré un grand succès en atteignant jusqu’aux régions les plus rurales et reculées des pays dans lesquels elle est active. Une autre initiative réussie est SmartCare, un système de dossiers de santé électronique (HER) mis en place en Zambie, Ethiopie et en Afrique du Sud qui fournit un système de santé avantageux conçu pour fonctionner avec les cliniques classiques dans les zones en manque d’infrastructures.
Étant données la prévalence de la technologie mobile en Afrique et la forte proportion d’Africains connectés, grand cas est fait du potentiel conféré par les initiatives mobiles et les stratégies se servant des SMS et des appels comme d’outils au service des systèmes et structures de santé. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les activités relatives à la santé mobile dans le monde ont connu un soudain regain d’intérêt ces deux dernières années. L’Afrique accuse toujours un retard conséquent sur le reste du monde en termes de mise en œuvre de la stratégie mobile de santé. Les gouvernements et les entreprises commencent néanmoins à explorer et rechercher les applications mobiles potentielles de santé en tentant d’amenuiser barrières géographiques et infrastructurelles.
De nombreux pays africains ont déjà mis en œuvre des politiques nationales ou des stratégies afin d’améliorer les systèmes de soins de santé en s’appuyant sur les nouvelles technologies. Attendu que les changements ont lieu au niveau gouvernemental, les stratégies de « cyber-santé » peuvent parfaitement être adaptées aux besoins locaux et aux différents savoir-faire. Le ministère sud-Africain de la Santé a adopté une approche progressive en vue de créer des systèmes efficaces de santé en ligne, en s’appuyant sur l’infrastructure déjà existante et une coordination au niveau national. Les autorités cherchent également à massivement intégrer les initiatives mobiles de santé dans leur politique, et explorent plus en avant cette technologie. Plusieurs initiatives réussies relatives à la « cyber-santé » ont déjà été entreprises dans le pays, y compris un système de surveillance de santé innovant mis en place par l’OMS lors de la coupe du monde de football de 2010.
Le Ghana travaille également au renforcement de son fragile système de santé via des initiatives de « cyber-santé ». Afin d’endiguer maladies et taux élevés de mortalité, d’améliorer la qualité de vie et de prévenir les inégalités dans les systèmes de soins de santé ghanéens, le ministère de la Santé offre un financement et encourage les fournisseurs locaux de solutions. Il développe par ailleurs une stratégie de rationalisation sur l’ensemble du territoire et étudie les nouvelles technologies abordables en mesure de s’intégrer efficacement aux processus déjà en vigueur.
La radio s’avère également un moyen de communication efficace pour les gouvernements et les initiatives de santé, plus particulièrement dans les zones rurales ne disposant d’aucune infrastructure. Under the Mango Tree (Sous le manguier) est un projet radiophonique ougandais dont la mission est la diffusion de débats communautaires traitant des différentes politiques de santé et des solutions pouvant être apportées. En utilisant cette approche de discussion communautaire, les émissions furent en mesure d’attirer l’attention sur l’influence réelle des leaders d’opinion et d’identifier et de dissiper mythes et malentendus relatifs à la santé en Ouganda. La radio FM est l’un des moyens de communication les plus importants en Ouganda, et, selon les dernières estimations, quelque 5,7 millions d’Ougandais ont déjà capté Under the Mango Tree.
L’impact positif des technologies de « cyber-santé » ne se limite pas aux seuls soins de santé. Les entreprises et autres start-up développant d’innovants systèmes de diffusion d’informations commencent à contribuer significativement à la croissance des économies locales et encouragent l’investissement régional et international, et, par voie de conséquence, elles participent à l’intérêt grandissant pour ce secteur. eHealth Africa, basé au Nigeria, crée des systèmes TIC et assure leur promotion dans toute l’Afrique. L’entreprise a cherché à plus spécifiquement obtenir des résultats dans des régions souffrant de climats difficiles, ne bénéficiant que d’une alimentation électrique aléatoire et à des personnes avec peu de savoir-faire technique, tout en perpétuant l’utilisation des connaissances et cultures des populations locales.
Medafrica est une application mobile créée par la start-up Shimba Technologies, basée au Kenya, afin de sensibiliser la population sur la santé. Se servant de listes de médecins agréés, Medafrica aide à lutter contre la fraude et les malversations perpétrées par des escrocs non qualifiés, un très grave problème dans le pays. Est également proposé un outil d’ « autodiagnostic », et permet aux utilisateurs d’être en relation avec les hôpitaux locaux de leur voisinage. Grâce à l’amélioration des systèmes de communication et aux politiques gouvernementales, des soins de santé efficaces et abordables se propagent lentement en Afrique, jusqu’à atteindre les zones le plus éloignées, et l’écart entre régions rurales et urbaines diminue progressivement. Un long chemin reste à parcourir avant d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement ; toutefois, aussi longtemps qu’investissements et développement seront fournis, la chance de voir, en Afrique, les soins de santé apporter un changement durable, est bel et bien réelle.