« L’innovation est gravée dans notre ADN », a répondu la femme d’affaires éthiopiennes Eleni Gabre‐Madhin à African Business Magazine qui l’interrogeait sur les projets ambitieux de sa société eleni LLC, qui souhaite créer des marchés « grands, audacieux et beaux » pour améliorer les moyens de subsistance de millions de petits agriculteurs et négociants africains.
Un simple coup d’œil à ses actions passées montre qu’elle arrivera probablement à ses fins. Eleni Gabre‐Madhin est responsable du développement de la Bourse des marchandises d’Éthiopie (ECX) qui a révolutionné le marché éthiopien des produits de base. Créée en 2008, il ne lui a pas fallu trois ans pour afficher 1,2 milliard de dollars d’échanges annuels, pour le plus grand profit de quelques 2,4 millions d’agriculteurs, qui bénéficient de ce modèle visant à rendre le négoce des produits de base plus transparent, plus efficace et plus fiable, un modèle qui est d’ailleurs reconnu au niveau mondial comme une réussite africaine.
« Sans marchés organisés, ils ne peuvent pas négocier les prix des marchandises ou savoir quels prix sont pratiqués ailleurs. C’est ce monde-là que nous essayons de changer », ajoute Eleni Gabre‐Madhin, qui s’exprimera lors de la conférence eLearning Africa 2015.
eleni LLC a pour objectif de fournir des projets de bourses clés en main basés sur le principe du partenariat public-privé en utilisant « un champ d’opération large et des technologies appropriées » et en adaptant les modèles de bourses des marchandises aux besoins et aux capacités des marchés locaux.
Par exemple, en Éthiopie où les communications dans les régions rurales sont difficiles, l’ECX offre un service permettant aux agriculteurs d’appeler un numéro et d’écouter des messages automatisés relayant des informations commerciales actualisées en différentes langues. Eleni Gabre‐Madhin estime que le développement de bourses adaptées au contexte local aidera à lutter contre la pauvreté sur le continent.
À la conférence eLearning Africa, Eleni Gabre‐Madhin parlera du rôle de la technologie (ainsi que de la relation entre les individus et la technologie) sur le marché des marchandises et dans la sphère plus large de l’innovation et du développement. Par exemple, les nouvelles technologies ont permis aux petits agriculteurs et négociants de pénétrer sur les marchés mondiaux tout en facilitant la formation et l’échange de connaissances.
« À chaque étape, il existe des dizaines de technologies pour concrétiser tout cela, explique-t-elle. Elles permettent aux populations d’avoir toutes sortes d’informations à portée de main sur leurs téléphones portables. En tant qu’agriculteur, vous pouvez étudier les prix locaux du café et prendre contact avec quelqu’un à l’autre bout du pays. »
Sa société est chargée de bâtir la technologie. Elle met l’accent non seulement sur des services pour smartphones mais aussi, pour ceux qui n’ont pas de smartphones, elle fait en sorte que les informations relatives aux systèmes de paiement, aux prix et autres services soient accessibles par téléphone.
Depuis le début de sa carrière d’entrepreneur, Eleni Gabre‐Madhin a toujours donné la priorité aux besoins des populations. C’est ce que reflète le site d’eleni LLC par cette phrase : « Pour nous, l’innovation est synonyme d’amour et de respect pour les populations qui se cachent derrière les marchés et derrière les économies que nous nous efforçons de transformer ». En matière de technologie, c’est un critère essentiel dont il faut tenir compte.
« La technologie est le langage des affaires, ajoute-t-elle. Elle doit servir les populations, parce que ce sont les populations qui font progresser tout cela. L’interaction entre la population et la technologie est un espace où l’apprentissage tient une place primordiale. »
Largement récompensée pour sa contribution aux marchés des produits agricoles et au développement de l’Afrique, Eleni Gabre‐Madhin participera à la conférence eLearning Africa 2015 le 21 mai, au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, Éthiopie.