Sur le terrain

Farmerline: une application sur la terre ferme

Jusqu’à 60 sessions d’experts, plus de 300 intervenants : la Conférence eLearning Africa 2012 sera le rassemblement le plus important des acteurs majeurs du secteur des TIC et de l’enseignement du Continent Africain. De jeunes développeurs de logiciels ayant créé, avec leurs propres moyens, des solutions à des problèmes s’étalant sur le long terme présenteront leurs travaux et partageront leurs idées à Cotonou. Nous aurons un avant-goût d’une application terre-à-terre destinée à prendre son envol.

Un prix de 3 000 $ et une troisième place au classement dans la chaleur sud-africaine à l’occasion du récent Défi du changement climatique de l’Apps4Africa n’est pas chose facile à obtenir à une époque où les jeunes Africains adoptent l’e-learning en masse et inventent des technologies sophistiquées afin de s’attaquer aux problématiques présentes dans tous les secteurs économiques. Le portfolio d’Alloysius Attah, développeur d’applications, lui a valu un respect inattendu pour un homme de seulement 22 ans. En travaillant avec Emmanuel Owusu Addai, un ami étudiant à l’Université des sciences et des technologies Kwame Nkrumah (KNUST), Attah a cofondé Farmerline, un système mobile basé sur Internet fournissant des informations aux agriculteurs et investisseurs en vue de relancer la productivité et augmenter leurs revenus. L’agriculture représentant 30 % du PIB du Ghana et plus de 50 % des emplois formels et informels, il apparaissait naturel à la jeune équipe de vouloir canaliser ses énergies créatives dans le développement d’une application dédiée à l’agriculture.

« Les agriculteurs dans les communautés rurales du Ghana éprouvent des difficultés à obtenir des informations sur les directives de bonnes pratiques en matière d’agriculture, en raison du nombre insuffisant d’agents de vulgarisation et de réseaux de transport et de communication » déclare Attah. « Nous espérons que Farmerline comblera le manque d’informations grâce à son numéro d’appel gratuit, ce qui permettra aux agriculteurs de contacter directement les agents de vulgarisation agricole qui utiliseront alors une interface web pour envoyer via des sms vocaux des réponses à certaines questions posées par des agriculteurs sur les bonnes pratiques agricoles. Un projet habile, l’illettrisme étant une réalité fréquente dans les zones rurales du Ghana. Une fonction de l’application est déjà proposée : les alertes sms. Ces alertes fournissent des informations sur les luttes contre les parasites, les périodes optimales pour semer les différentes cultures, les subventions agricoles proposées, les prévisions météorologiques, les foires locales de produits et les prix des récoltes. Un prototype est d’ores et déjà utilisé et d’autres essais sont en cours : un groupe témoin de 150 agents de vulgarisation répondent aux besoins d’environ 150 petits exploitants agricoles. Bien que la création de la plateforme vocale soit un travail encore non achevé et devant être mené à bien avant la fin de l’année, Attah déclare que, d’un point de vue général, l’application connaît déjà un énorme succès non seulement au vu des conseils qu’elle distribue via les alertes sms, mais aussi en raison du nombre d’informations qu’ils ont réussi à réunir. Attah ajoute : « En analysant les questions, les spécialistes et chercheurs agricoles sont capables de se faire une image fidèle des défis rencontrés par les populations rurales et les tendances agricoles ».

En septembre 2011, Attah et son partenaire créatif ont perfectionné leurs compétences lors d’un stage de formation de trois semaines destiné aux entrepreneurs de technologies mobiles au Ghana, auprès de la World Wide Web Foundation. Les deux compères sont également actifs auprès du centre de technologie mFriday basé à la KNUST et dirigé par Bobby Okine. Okine déclare : « Notre approche consiste à conclure des partenariats avec l’université en développant des applications destinées à résoudre des problématiques patentes dans la société, majoritairement via un dénominateur commun : le téléphone mobile. ». Les jeunes Ghanéens tentent d’appuyer les bases de leur travail sur de solides recherches afin de mettre au point des applications viables sur le long terme, une idéologie adroitement abordée par le thème général de la conférence eLearning Africa 2012 sur l’e-learning et le développement durable. Okine explique : “Notre travail au mFriday réunit des équipes de développeurs talentueux de TIC et d’étudiants d’écoles de commerce issus des universités publiques et privées, afin d’identifier les défis et opportunités et de créer des projets adaptés et des entreprises prospères pour assurer une croissance économique et des emplois durables au Ghana. L’e-learning a parcouru un long chemin en Afrique et les débats sur ce qu’il était possible de faire ont été largement remplacés par des propositions auxquelles il ne manque plus, pour leur concrétisation, qu’un soutien financier.

Attah déclare : « Un entrepreneur à Accra, au Ghana, est tout aussi capable de fabriquer un logiciel pouvant faire concurrence à un autre fabriqué dans la Silicon Valley. Vous pouvez réaliser tout ce que votre esprit invente. Les obstacles qui existaient et vous empêchaient de créer votre propre entreprise de logiciels sont moins nombreux en raison des ressources mises à disposition par Internet. Pour chaque défi, il existe une opportunité inexploitée. Tout ce dont nous avons besoin est le sens des responsabilités, de la passion, de la créativité et de l’innovation, et le ciel est le point de départ pour nous tous »

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