Exécuter un plan durable pour le développement des TIC sur le continent africain imposera nécessairement une coopération entre le secteur privé et le gouvernement. Actuellement, le forum eLearning Africa permet un dialogue fructueux entre les différentes parties prenantes. Les sujets à explorer lors de l’eLA 2012 porteront sur le développement d’une technologie et d’une infrastructure durable et sur la façon dont l’eLearning peut être un véhicule de développement durable pour les communautés, cultures et économies. A l’heure où nous envisageons la conférence de Cotonou, nous examinons comment cette discussion sur le développement durable prend forme au Bénin, pays qui hébergera la prochaine conférence.
Une infrastructure pour l’eLearning
A travers le continent, les opportunités d’eLearning diffèrent d’un pays à l’autre, tout comme le taux de pénétration des TIC. Les données recueillies par « Research ICT Africa » et publiées dans leur Etude comparative sur les performances dans le secteur des TIC pour 2009/2010 (Comparative ICT Sector Performance Review 2009/10) fait apparaître une part de plus en plus réduite pour les technologies vocales à mesure que les téléphones cellulaires deviennent moins répandus ; toutefois l’accès Internet « large bande » est encore clairsemé sur le Continent. La technologie informatique est au cœur de l’éducation du 21ème siècle et ainsi les problèmes liés aux coûts prohibitifs de pénétration et au faible rythme du développement technologique méritent d’être étudiés. Tandis que les investissements étrangers ont boosté l’infrastructure des TIC en Afrique à ce jour, le ralentissement économique mondial a également vu le déclin de ces investissements, de sorte que progressivement, les partenariats entre le secteur public local et le secteur privé définissent une modèle de développement plus durable.
Au Bénin, pays qui accueillera la conférence eLA 2012, l’Agence chargée de la gestion des nouvelles technologies de communication (AGeNTIC) joue un rôle crucial dans la coordination des efforts visant à rendre les TIC et l’eLearning accessibles à tous. Le gouvernement et les entreprises collaborent actuellement à la préparation et à l’exécution de solutions durables prenant en compte toutes les parties prenantes. La Directrice d’AGeNTIC, Gilletta Mouyabi Gbanhoun a déclaré : « L’amélioration et l’accessibilité de l’Internet constituent un véritable défi pour le Bénin ». Même si le pays a mis en place une politique en matière de TIC (à travers la déclaration de politique sectorielle de 2008 qui déclare que les TIC doivent être utilisées à la fois comme outil pour le développement et objectif de développement), il reste toutefois nécessaire de trouver des méthodes possibles pour mettre en œuvre ces objectifs de développement. Madame Mouyabi Gbanhoun voit eLearning Africa comme un acteur essentiel, ayant un rôle crucial à jouer dans le rassemblement de toutes les parties prenantes ayant des idées de stratégies saines concernant l’utilisation des TIC comme outil de développement au Bénin et sur le continent. Elle explique : « eLearning Africa est un creuset d’échanges, de formation et d’informations sur les innovations, les stratégies pays et surtout les meilleures pratiques en matières d’intégration des TIC dans l’éducation et l’apprentissage. » Il est important de se focaliser sur des méthodes pratiques d’apporter l’eLearning à toutes les communautés.
L’eLearning pour les communautés durables
Les TIC ont transformé le concept-même de communauté, en réunissant des groupes très disparates au sein de communautés interactives virtuelles, en vue d’un partage d’expérience et d’une meilleure compréhension mutuelle. Cette révolution a amené des changements sociaux qui obligent à repenser ce que signifie faire partie d’une communauté ou d’une communauté dans la mesure où le manque d’accès à la société de la connaissance signifie immanquablement une exclusion du processus de prise de décision social, économique et politique. En mettant l’accent sur certaines structures d’encadrement de la politique qui peuvent être adoptées par les gouvernements intéressés, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES) a souligné la valeur d’une « participation véritable des citoyens bien informés et bien équipés » en tant que force motrice du développement durable (2005). L’entreprise de l’eLearning débouche sur le développement et la croissance d’une telle communauté. Les communautés de l’eLearning ont déjà favorisé une forte coopération et un dialogue à l’échelle du continent, comme ceci est démontré par le succès d’eLearning Africa. Les connaissances ultimement partagées ont également des bénéfices tangibles dans les communautés du monde réel. Pour Madame Mouyabi Gbanhoun, il est nécessaire d’établir d’authentiques partenariats permettant de répondre non seulement aux besoins du secteur commercial mais aussi aux besoins socio-économiques des individus. Elle suggère que l’autonomisation des communautés par le biais des opportunités formelles et informelles de l’eLearning, est un domaine dans lequel des plans responsables doivent être mis en place.
eLearning & transformation culturelle
Les disparités entre les sexes en ce qui concerne les niveaux d’éducation constituent une réelle préoccupation à laquelle il conviendra de trouver des solutions à l’échelle du continent. D’après Gillwald, Milek & Stork (2010), bien que l’étude réalisée par « Research ICT Africa » (RIA) sur le sujet de l’accès aux TIC pour les ménages et les particuliers et leur utilisation de ces technologies (Household and Individual Access and Usage Survey) fasse apparaître une inégalité entre les sexes du point de vue de l’utilisation des TIC, il semble que cette réalité soit davantage due à l’inégalité d’accès à l’éducation, tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Souvent, l’apparente disparité entre les sexes en matière de TIC disparaît dès lors que l’éducation et les revenus sont sur un niveau de parité. Au Bénin, de grands pas en avant ont été accomplis pour réduire l’écart entre les sexes en matière d’instruction (47,9% pour les hommes et 23,3% pour les femmes en 2002). Depuis 2007, le pays a institué un certain nombre de réformes visant à éduquer et autonomiser la population. Madame Mouyabi Gbanhoun poursuit : « La réforme essentielle a été la décision de la gratuité, d’abord des filles, et ensuite de tous les enfants au cours primaire dans toutes les écoles publiques. Cela a encouragé l’inscription d’un plus grand nombre de filles à l’école. » Ainsi, de meilleures politiques en matière d’éducation et en particulier certaines meilleures pratiques d’eLearning font aujourd’hui partie intégrante de la transformation culturelle à long terme.
eLearning pour des économies responsables
Il est essentiel pour le succès d’un pays de disposer d’une main d’œuvre éduquée et lettrée. Aussi, les plans mis en place aujourd’hui doivent être durables dans le long terme. eLearning Africa présente un forum destiné à tous les participants, les incitant à s’engager dans des discussions pertinentes et, pour le pays qui hébergera cette manifestation, à savoir le Bénin, Madame Mouyabi Gbanhoun formule les souhaits suivants :
• Que l’organisation de elearningAfrica 2012 à Cotonou encourage le gouvernement du Bénin à rapidement finaliser et adopter en Conseil des Ministres le projet de document d’intégration des TIC dans l’éducation au Bénin ;
• Que les privés nouent des partenariats d’affaires avec les entreprises participantes afin que de nouvelles méthodes d’apprentissage soient adoptées dans nos écoles aussi bien privées que publiques ;
• Que de nouvelles perspectives s’ouvrent aux développeurs d’applications dans le secteur de l’éducation ;
• Que la société civile soit renforcée dans ses actions dans le secteur.
Ces attentes résonnent à l’échelle du continent entier et ainsi la discussion concernant l’intégration des TIC comme outil de développement durable est l’une des discussions qui peut le plus nous apprendre.
