L’augmentation exponentielle des abonnements à la téléphonie mobile en Afrique a de plus en plus d’influence sur nombre de sphères de la société africaine – du secteur bancaire jusqu’à la gestion des catastrophes naturelles. L’impact des technologies mobiles sur l’apprentissage, la formation et l’éducation semble comparativement moins prégnant, bien qu’il se soit aussi considérablement accru. Cette influence grandissante a déjà des effets perturbateurs sur nos systèmes éducatifs. De quelle nature sont ces changements, et révolutionneront-ils l’éducation au point que nous n’ayons plus besoin d’enseignants et de professeurs ? Ce thème sera le centre du Débat eLearning Africa 2012 qui se tiendra à la fois en ligne et sur le podium, le vendredi 25 mai 2012, de 17:45 à 19:15, à Cotonou, au Bénin.
La motion qui sera débattue est : « Cette assemblée pense que nous avons sous-estimé les changements que les technologies mobiles vont causer sur les systèmes éducatifs traditionnels en Afrique, et est soucieuse que leur usage croissant sape le dispositif pédagogique traditionnel, rendant les enseignants superflus. »
« La technologie est le seul moyen de fournir aux enfants africains des informations actuelles de sorte à les intégrer directement dans la communauté mondiale », rapporte le biologiste et éducateur Cheryl Douglas, un des débatteurs de la motion. Douglas défend l’éducation soutenue par les technologies, mais « les enseignants sont nécessaires pour aider les étudiants à filtrer l’information, l’analyser et en débattre », dit-elle. « Si les enseignants sont incapables de faire cela, alors ils sont déjà superflus ».
Wayan Vota, un directeur principal de ICT4D Iveneo (les TIC pour le Développement, projet à but non lucratif), adopte une position similaire et ne pense pas non plus que les enseignants pourront être remplacés si facilement. Il dit : “L’essentiel de la civilisation, pensée et philosophie occidentale est basée sur trois grands enseignants : Aristote, Platon et Socrate. Et ils ont accompli tout leur travail avec rien de plus que des feuilles de papier. Sans même l’imprimerie! Il serait absolument arrogant de la part d’un technologue de penser que l’apprentissage mobile éclipserait le pouvoir des interactions humaines dans l’éducation.”
Douglas et Vota seront rejoints sur le podium par les doctorants Carol Otieno et Lauren Dawes de GSMA qui défendront la position adverse.
Otieno explique : « les technologies mobiles vont rendre les enseignants superflus. Par exemple, prenez la technologie Graphogame qui utilise la phonétique pour apprendre aux jeunes élèves la lecture des langues locales. Cette technologie ne fait jamais d’erreurs d’orthographe, comparé aux enseignants qui n’ont presque aucunes connaissances de l’enseignement des langues locales ou maternelles écrites. De plus, cela coûterait trop de temps et d’argent de former ces enseignants à nouveau alors qu’ils sont déjà éduqués pour enseigner l’anglais. Dans le cas du Kenya, il semble plus économique d’utiliser ces téléphones portables plutôt que des enseignants pour apprendre à lire, et ensuite de demander à quelques enseignants de superviser l’apprentissage. »
Que pensez-vous de la motion ? Êtes-vous un enseignant ou professeur qui pense que son rôle sera totalement obsolète d’ici à cinq ans ? Êtes-vous un chercheur qui pense que les enseignants seront toujours nécessaires et jamais superflus ? Donnez votre avis dans la section des commentaires située ci-dessous et sur notre groupe Facebook, et n’oubliez pas de nous suivre sur Twitter @eLaConference. Exprimez vos opinions en utilisant le hashtag #ela12debate.