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Présentation de l’orateur principal Muongeni Tamara Manda

Peter Greenway, un des plus grands auteurs britanniques, a déclaré qu’il avait « toujours été fasciné par les cartes et la cartographie. Une carte vous indique où vous avez été, où vous êtes et où vous allez ; dans une certaine mesure, elle réunit trois temps en un. » Au sens propre comme au figuré, c’est le sentiment qui décrit l’histoire de Muongeni Tamara Manda.

Née à Shurugwi (Zimbabwe), cette jeune femme de 23 ans a une parfaite connaissance de ses racines et de ses perspectives. Comme mue par une pulsion inhérente, l’étudiante de dernière année de la Chinhoyi University of Technology au Zimbabwe ne cesse de ramener la conversation à sa mission : prouver aux jeunes filles et aux femmes de sa communauté l’existence d’avenirs alternatifs, rendus possibles par les STIM.

L’histoire de Manda devrait servir d’exemple de résultat souhaité, obtenu par la force du conditionnement positif. Sa mère l’a encouragée à devenir ingénieur, alors que son père souhaitait qu’elle soit, tout comme lui, comptable. Mais la géographie aura été son premier amour. Cette passion a été nourrie par son professeur de géographie au lycée, qui voyait en Manda une clé du changement. « Je veux que tu suives cette voie et que tu changes Shurugwi un jour », raconte Manda.

L’exploitation minière non réglementée a fait des ravages sociaux et écologiques au sein de la communauté, comme le déplore Manda : « Il y a de nombreuses dégradations ici, et beaucoup d’activités minières illégales sont pratiquées. Par ailleurs, la géographie nous en apprend davantage sur le changement climatique et ses effets. »

Cette conjoncture a conduit Manda à faire des études de géo-informatique et de conservation de l’environnement. « J’apprends à tirer parti des technologies pour résoudre ces problèmes environnementaux. Je suis en mesure de cartographier les zones qui ont été dégradées et celles ayant été affectées. Je peux indiquer aux planificateurs le nombre d’arbres nécessaires aux fins de restauration. Je peux en outre retourner au sein de ma communauté pour sensibiliser sur l’importance de pratiques durables. Ce faisant, je pourrai renforcer l’éducation au climat [et] aux questions liées à l’espace. »

Manda est très enthousiaste lorsqu’elle aborde le potentiel que les technologies peuvent décupler. « Nous avons besoin d’écologistes ayant une formation technique ; l’idée étant d’exploiter les technologies au profit de la conservation des animaux, des safaris et des parcs. Aux fins de sécurité dans l’industrie minière, l’on peut désormais utiliser des drones pour des tâches sécuritaires et d’inspection, évitant ainsi d’envoyer des êtres humains sur le terrain. »

En matière de possibilités, outre les exemples théoriques et abstraits, elle aborde également des cas pratiques, applicables à sa communauté. « Vous pouvez également être un professionnel de l’aménagement du territoire », ajoute-t-elle, « et fournir des conseils sur les sites appropriés aux projets résidentiels et les zones marécageuses à éviter ». Les données tirées de la cartographie s’avèrent utiles pour assurer un approvisionnement adéquat en électricité et pour déterminer où forer des puits dans les zones sujettes à la sécheresse, autant de projets que Manda a entrepris au cours de ses études. « Lorsque des zones sont sujettes aux inondations et aux cyclones, [nous pouvons les cartographier] et mettre en place des mesures d’atténuation avant que ces risques n’affectent la communauté ».

Cadette d’une famille de cinq enfants, Manda a l’habitude de partager, mais affirme que son parcours universitaire n’a pas été sans défis. « Rien n’est vraiment facile dans la vie, mais il faut faire preuve de passion et de persévérance. Nos ressources sont limitées. Pour 400 étudiants, il n’y a que 24 ordinateurs portables à utiliser en cours, et si vous n’êtes pas passionné, vous direz simplement : « J’ai échoué » ».

Les nombreuses récompenses que Manda a accumulées à ce stade précoce de sa carrière témoignent de sa capacité à surmonter les obstacles qui se sont dressés sur sa route. Plus récemment, elle a fait partie des 50 étoiles filantes Geospatial World, un classement qui met en lumière « les réalisations exceptionnelles de personnes de 40 ans qui sont actives et passionnées par la contribution des technologies géospatiales à la société, à l’environnement et à l’économie. »

Comme le dit le vieux proverbe africain, « L’éducation d’un enfant incombe à toute la communauté » ; en s’y prenant bien, cet enfant pourrait un jour changer cette communauté.

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