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L’Édition africaine face aux enjeux des TIC

eburnie 1Dans le cadre du débat sur la relation entre tradition et innovation, l’équipe d’eLearning Africa est partie à la rencontre d’un acteur au centre de cette question : Marie-Agathe Amoikon Fauquembergue. Directrice Générale des Éditions Eburnie – Côte d’Ivoire – depuis 2002, elle a d’abord étudié les Lettres Modernes à l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan avant d’intégrer le monde de l’édition pour lequel elle travaille depuis plus de 20 ans. 

 

 

Bonjour Agathe. Vous êtes donc en charge des Éditions Eburnie. Parlez-nous de votre entreprise : pourquoi l’avoir créée et quels sont vos projets à venir après désormais plus de 10 ans d’existence ?

La création de cette maison répondait à plusieurs besoins dont celui de faire émerger de nouveaux talents littéraires et de donner un nouvel élan à l’édition africaine. Notre secteur est en pleine expansion et nous comptons bien ne pas être en marge de toute évolution. On citera entre-autres, le livre numérique et universitaire. Il faut également noter que ces dernières années nous avons glané des récompenses qui font notre fierté et nous encouragent à travailler davantage.

 

Etes-vous par exemple le témoin au quotidien de la croissance des TIC en Côte d’Ivoire ? Si, oui, quelles sont les transformations concrètes auxquelles vous assistez ?

Il faut dire que beaucoup de projets existent déjà ou sont en cours de réalisation ; cependant  certains ne sont pas encore concrétisés du fait des difficultés qu’ont nos pouvoirs publics à les mettre en exécution. Nos politiques mettent tout en œuvre pour que notre pays soit pleinement développé d’ici les 15 années à venir et notre secteur ne sera pas étranger à cette émergence.

 

En tant que précurseur de l’édition numérique, comment analysez-vous l’évolution de cette tendance en Afrique et que pensez-vous du débat autour de l’opposition entre le livre physique au livre électronique ?

Nous sommes actuellement tournés vers le champ des TIC et ne souhaitons absolument pas restés en marge de ce phénomène. Ma préférence va, je le confesse, au livre papier ; cependant nous sommes tenus de nous confronter à d’autres supports qui, en réalité, ne gênent en rien ce livre papier. D’où le fait que nous envisageons la production de livres numériques. Concernant la démultiplication des supports, qui va de pair avec le débat sur le livre électronique, l’Afrique n’a, selon moi, pas encore amorcé son évolution vers les TIC et poursuit sa réflexion notamment au sujet du coût induit par la production de ces supports et de leurs contenus. A titre personnel, je pense que leur utilisation n’est pas suffisamment facilitée. Je peux donc dire que cela constitue un challenge positif, mais qu’il reste encore à travailler en vue de  favoriser l’accessibilité aux supports numériques dans nos pays Africains.

 

On constate également la naissance d’un débat autour de la préservation du patrimoine culturel africain face à la montée en puissance des nouvelles technologies. Comment vous situez-vous par rapport à ce débat ? Croyez-vous en une alliance entre ces deux phénomènes ?

J’ai participé à plusieurs rencontres internationales traitant de la question des deux phénomènes. La culture ne s’est jamais opposée à l’évolution encore moins aux nouvelles technologies et vice-versa. Ce sont des phénomènes liés et compatibles ; il faut simplement savoir faire la part des choses en ne dénaturant pas les cultures africaines au nom des nouvelles technologies, mais plutôt en les conciliant.

 

La Conférence eLearning Africa qui se tiendra en mai à Windhoek en Namibie soulignera elle aussi ce lien entre patrimoine ancestral et développement des TIC. Vous soutenez cette Conférence depuis l’année dernière. Qu’attendez-vous donc de cette 8ème édition ?

eLearning Africa 2012 a été le plus grand rassemblement des professionnels du elearning et des TIC en Afrique avec près de 1500 experts et professionnels de 70 pays. En 2012, nous avons soutenu cette conférence à Cotonou, au Bénin. Nous avons, à l’occasion, animé une conférence sur le thème suivant : « TIC et manuels scolaires en Afrique subsaharienne ». Cette année encore, nous y serons en qualité de sponsor et de participant afin d’échanger avec nos pairs, les experts et professionnels de l’éducation et de la formation dans le but de partager nos expériences. Nous y assisterons pour apporter notre contribution au développement technologique de l’Afrique. Nous espérons enfin que cette édition apportera des réponses objectives concernant la mise à disposition des africains de supports numériques éducatives.

 

Merci Agathe, nous nous retrouverons donc du 29 au 31 mai à Windhoek en Namibie lors de la Conférence eLearning Africa.

 

 

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