Aperçus de la conférence

Le Débat eLearning Africa : l’Afrique Doit-Elle Continuer à Investir dans les TIC?

En Afrique, la tendance actuelle est à l’investissement massif dans les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), sous l’impulsion de décideurs politiques qui soutiennent une réforme complète de la réglementation des TIC. De nombreux leaders africains ont pris conscience que la technologie a un rôle à jouer pour tout développement économique significatif. Cependant, le flux apparemment sans fin d’investissements dans ce secteur a connu un ralentissement l’année dernière en raison du renversement de la conjoncture économique, qui a obligé de nombreux pays d’Afrique à réduire leurs dépenses dans ce secteur et à donner la priorité aux problématiques les plus urgentes. La question de savoir si l’Afrique doit continuer à investir dans les TIC a été soulevée lors du débat de la conférence eLearning qui s’est tenue cette année à Lusaka, capitale de la Zambie.

Par Talent Ng’andwe

Le débat, présidé par l’ancien parlementaire britannique Dr Harold Elletson, de la New Security Foundation du Royaume-Uni, et par Dr Katherine Getao de NEPAD, s’est tenu le dernier jour de la conférence et portait sur la motion suivante :

« En dépit de la crise financière mondiale, l’Afrique doit continuer à investir dans les TIC pour l’éducation, et l’informatique 1/1 fournit la solution informatique la plus abordable et riche en contenu éducatif. »

Les deux panels d’intervenants comprenaient, du côté des partisans de la motion, Richard Niyonkuru, Conseiller en suivi et éducation pour les projets de TIC pour le Ministère rwandais de l’éducation, et David Cavallo, Vice-président en charge de l’éducation pour le projet One Laptop per Child, États-Unis, et du côté de l’opposition, Alex Twinomugisha, Global e-Schools and Communities Initiative (GeSCI), Kenya, et Anthony Bloome, USAID, États-Unis.

Dans son discours d’ouverture, Richard Niyonkuru a affirmé que l’Afrique devait continuer à investir dans les technologies de l’éducation.

« Les TIC sont des opportunités pour la vie qui frappent à la porte de l’Afrique, et en tant que continent nous ne devrions pas rater cette opportunité », a-t-il déclaré avant de poursuivre en expliquant que les TIC dans l’éducation ne devaient pas être considérées comme un luxe, comme cela a été le cas par le passé, mais comme des produits de base ou des biens publics, puisqu’elles permettent d’engranger les bénéfices de la révolution de l’information.

Le public a soutenu son argument selon lequel dans le domaine des TIC pour l’éducation, l’accent ne devait pas être mis sur les ordinateurs et les logiciels déployés dans les écoles, mais bien plutôt sur une révolution et une reconfiguration des systèmes éducatifs pour qu’ils offrent un service à la nouvelle société.

Son opinion était partagée par David Cavallo, et selon lui, le système éducatif africain nécessite des technologies appropriées compatibles avec sa culture et son environnement.

À l’amusement du public, Alex Twinomugisha est intervenu pour dire que nous n’avions pas besoin d’investissements massifs dans les technologies s’ils devaient se faire aux dépens de la qualité du réseau routier, de l’approvisionnement énergétique et de la lutte contre les maladies comme le VIH/SIDA. « Nous sommes arrivés jusqu’ici sans technologie, nous avons prouvé que nous pouvions atteindre nos objectifs éducatifs sans technologie », a-t-il déclaré.

Alex Twinomugisha a affirmé que l’Afrique devait se concentrer sur les solutions individuelles pour les enseignants, qui sont essentiels pour le développement de l’éducation. Selon lui, le développement des enseignants est crucial.

Anthony Bloome est allé dans le sens des propos d’Alex Twinomugisha, expliquant qu’à ce stade, alors que l’Afrique peine à se remettre du ralentissement économique mondial, les investissements dans les TIC étaient impraticables et très coûteux. « J’ai peur que sans des efforts de réforme accrus, les initiatives de TIC pour l’éducation ne dépassent pas le stade de projets pilotes et ne soient pas intégrées plus largement, de sorte que les mesures pour l’éducation ne bénéficieront pas du soutien dont elles ont besoin », a-t-il affirmé.

Toutefois, de tels investissements dans l’éducation, s’ils sont réalisés, doivent être faits dans le contexte de réformes éducatives visant à une amélioration significative en termes de politiques, de développement des cursus, de développement professionnel des enseignants et des gestionnaires et de priorité donnée à la réussite des étudiants.

Le débat s’est intensifié lorsque des membres du public ont pu exprimer leurs opinions. Nous avons pu assister à des confrontations passionnées et à quelques échanges tendus.

Bernard Appiah, de l’International Network for the Availability of Scientific Publications, États-Unis, a accusé les principaux acteurs des secteurs des TIC de se débarrasser de leurs technologies en Afrique. James Uhomoibhi, du Royaume-Uni, lui a répondu qu’il ne fallait pas représenter toutes les technologies comme négatives pour l’Afrique. Il a cité des exemples de technologies de téléphonie mobile qui ont contribué à améliorer l’éducation dans le secteur de la santé en Afrique.

En conclusion, les tenants de la motion n’ont pas réussi à convaincre le public du rôle que les TIC avaient à jouer dans l’amélioration de l’éducation en Afrique, ni à expliquer de manière adéquate les coûts liés à l’introduction de la technologie.

Les opposants à la motion ont rapidement saisi cet avantage et tiré parti de ces faiblesses.

M. Elletson, le Président, a appelé à voter à main levée pour ou contre la motion. L’opposition est sortie vainqueur de ce débat avec la majorité des voix.

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