Nous entendons souvent parler de nouveaux programmes originaux, généralement préconisés par les Européens ou les Américains, qui promettent de transformer la vie des Africains. Le secteur de l’éducation n’échappe pas à la règle. Ces programmes sont généralement pleins de bonnes intentions et donnent souvent des résultats spectaculaires ; mais c’est parfois le contraire qui se produit. Au fait, qu’en pensent les Africains ? C’est ce que nous découvrirons à l’occasion du débat spécial de la conférence eLearning Africa.
Le débat de la conférence eLearning Africa s’est bâti une solide réputation. Pour de nombreux participants, le débat représente le point culminant de cette grande conférence sur l’apprentissage assisté par les technologies. Il ouvre, en effet, la voie à une discussion animée, souvent même exubérante et dénuée de tout tabou, sur un thème essentiel lié au secteur de l’éducation en Afrique. Il est toujours assez extraordinaire de voir une salle pleine d’éducateurs, de décideurs politiques et d’hommes d’affaires africains se lâcher complètement et se prendre au jeu d’un débat fougueux, digne des meilleures discussions parlementaires.
Le débat 2017 de la conférence eLearning Africa promet d’être plus animé que jamais. Le thème de la discussion est le suivant : « Cette assemblée estime que les initiatives grandioses de la Silicon Valley tiennent rarement compte du contexte local et ne correspondent pas à ce dont l’Afrique a besoin ».
La récente annonce de Google qui prévoit de dépenser 50 millions de dollars sur une initiative éducative en Afrique est le dernier d’une série de projets conçus par des organisations internationales, qui s’efforcent de tirer parti des technologies pour favoriser la transformation de l’éducation africaine et stimuler ainsi les économies locales. Mais certaines initiatives ont été vivement critiquées. Le projet « One Laptop per child », par exemple, qui souhaitait s’associer au gouvernement kényan pour fournir des ordinateurs portables à tous les enfants de ce pays est-africain, a été critiqué car il privilégiait le matériel au détriment des infrastructures de communication.
Parmi les principaux intervenants qui participeront au débat organisé près de la capitale mauricienne, Port Louis, le 29 septembre figureront des représentants de gouvernements, du secteur privé et d’OGI, notamment M. Daniel Wagner, professeur d’éducation à l’université de Pennsylvanie et directeur du Programme international de développement éducatif ; M. Bitange Ndemo, ancien Secrétaire permanent du ministère kényan de l’Éducation et chargé de cours sur l’entreprenariat et les méthodes de recherche à l’université de Nairobi ; Steve Vosloo, spécialiste de l’apprentissage mobile et chargé de programme à l’UNESCO ; et Alice Barlow-Zambodla du réseau sud-africain e/merge Africa Network.
Le débat sera présidé par le rédacteur du rapport de la conférence et ancien parlementaire britannique, M. Harold Elletson, qui est à l’origine de la création du débat eLearning Africa, et par M. Keshwar Jankee, ambassadeur de Maurice en Allemagne.
« Le débat eLearning Africa est un événement unique en son genre, a expliqué M. Elletson. Il permet d’avoir une discussion ouverte sur des questions extrêmement importantes pour tous ceux qui s’intéressent à l’éducation en Afrique et au rôle qu’elle peut jouer pour concrétiser la vision d’un continent transformé prônée par l’Union africaine. Lorsqu’ils expriment leur point de vue, les gens sont souvent passionnés, parfois très drôles et toujours pleins d’une conviction fruit de leur expérience. Le débat est à la fois animé et amusant. Je suis ravi que l’ambassadeur de Maurice en Allemagne ait accepté de coprésider l’événement. Il marche ainsi sur les traces de M. Mor Seck du Sénégal et de Charles Senkondo de Tanzanie qui ont, avant lui, œuvré pour que tout se passe bien et que le maximum de personnes puissent s’exprimer.
« Cette année, le débat risque d’être un véritable feu d’artifice. La conférence eLearning Africa a pour thème « contexte » et, même si de nombreuses personnes reconnaissent la valeur des initiatives éducatives internationales en Afrique, certains estiment qu’elles ne tiennent pas suffisamment compte du contexte africain. Nous avons de merveilleux intervenants pour ouvrir le débat. Deux d’entre eux soutiendront la motion et les deux autres s’y opposeront. Puis nous ouvrirons la discussion et inviterons les personnes présentes à exprimer leur point de vue. »
Le débat eLearning Africa 2017 nous permettra de discuter des mérites des plans conçus par des personnes extérieures pour les étudiants africains. Contribuent-ils de manière positive à l’éducation africaine ou envoient-ils l’Afrique dans la mauvaise direction ? Répondent-ils aux besoins de l’Afrique ?
La Vision Africaine de la Silicon Valley