Ce n’est pas une coïncidence si l’édition 2016 d’eLearning Africa a été organisée sous l’égide du ministre fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, M. Gerd Müller. En effet, 2016 est l’année de l’enseignement numérique en Allemagne ! Le gouvernement allemand a ainsi fait de l’enseignement numérique une priorité de son agenda numérique national. La coopération allemande au développement a également reconnu tout le potentiel des TIC, particulièrement pour améliorer l’accès des réfugiés à un enseignement de qualité. La Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) a donc profité de la conférence pour organiser, au nom du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ), une session consacrée aux TIC pour l’éducation des réfugiés. L’objectif était de renforcer le dialogue et d’inciter experts et professionnels à s’impliquer dans l’apprentissage peer-to-peer et à mieux collaborer dans le secteur en pleine évolution des TIC pour l’éducation des réfugiés. Borderless Higher Education for Refugees (BHER), One Mobile Projector per Trainer (OMPT), Xavier Project et FHI 360 avaient préparé une exposition interactive pour présenter leurs projets qui reflètent parfaitement les nombreuses solutions informatiques disponibles pour assurer l’éducation des réfugiés : apprentissage mixte dans l’enseignement supérieur, vidéos sur les aptitudes à la vie quotidienne, outils d’apprentissage basés sur les SMS ou applications de suivi sur tablette dans un contexte de crise humanitaire. Les participants ont notamment discuté des enjeux liés à la mise en œuvre des programmes, des approches « Ne pas nuire », des questions de durabilité et d’échelle, ainsi que du suivi et de l’évaluation.
Cette session complète une série d’activités actuellement réalisées par la coopération allemande au développement pour développer le secteur des TIC pour l’éducation des réfugiés. Au mois de mars, la GIZ a lancé l’étude « Education in Conflict and Crisis: How Can Technology Make a Difference? A Landscape Review » (Éducation dans un contexte de conflit et de crise : quel rôle la technologie peut-elle jouer ? Une étude de la situation actuelle) à l’occasion de la Semaine de l’apprentissage mobile organisée par l’UNESCO. L’étude a été commandée par la GIZ dans le cadre de l’alliance Mobiles for Education Alliance en collaboration avec « Tous les enfants lisent : un grand défi pour le développement » (All Children Reading: A Grand Challenge for Development – USAID, World Vision, Australian Aid), World Vision International, le Réseau interinstitutions sur l’éducation dans les situations d’urgence (INEE) et Creative Associates International. Elle a pour but d’identifier des pratiques prometteuses mais aussi les lacunes en matière de connaissances dans le secteur, et d’apporter des recommandations :
- Mettre l’accent sur une utilisation efficace des technologies, sur la maintenance locale et sur l’approvisionnement local : élaborer un plan de maintenance locale à long terme et acheter les technologies appropriées disponibles au niveau local.
- Définir avec précision et clarté l’objectif et le contexte de l’utilisation des TIC : évaluer la situation locale et définir clairement l’objectif de l’intervention avant sa mise en œuvre ; collaborer avec des membres de la communauté pour déterminer le meilleur usage possible des TIC.
- Envisager des initiatives de « renforcement des systèmes » : analyser et compiler les bonnes pratiques relatives au renforcement des systèmes en situation de crise et de conflit afin de bien utiliser tout le potentiel des TIC pour renforcer les systèmes.
- Répondre au besoin d’inclusivité de l’enseignement : mettre davantage l’accent sur l’inclusion des populations les plus vulnérables que sont notamment les filles et les handicapés.
- Élaborer des approches éducatives « non nuisibles » et adaptées aux situations de conflit : tenir compte du respect de la vie privée, de la sécurité et de la propriété des données numériques. Une attention doit également être portée aux besoins et aux intérêts des communautés hôtes. Il faudrait aussi développer d’autres TIC pour les outils existants d’analyse des conflits afin d’évaluer l’adéquation des interventions éducatives basées sur les TIC en situation de crise et de conflit.
- Identifier des mécanismes d’accréditation et de certification : trouver des moyens d’accréditer et de certifier l’apprentissage et envisager l’utilisation d’outils et de plates-formes numériques pour appuyer ces processus. Mettre également en place des solutions accréditées ou certifiées d’apprentissage non formel susceptibles de se transformer en éducation formelle.
- Reconnaître l’écart qui existe entre « déclarations » et « preuves concrètes » et compiler des ressources : améliorer la documentation et l’accès aux informations sur les projets, les travaux de recherche, l’évaluation et la théorie associée.
- Créer une collaboration intersectorielle : étudier les avantages potentiels d’une collaboration et d’un partenariat axés sur les problèmes intersectoriels locaux liés à l’éducation.
- Étudier des structures d’apprentissage informel : utiliser les médias numériques et les réseaux sociaux comme véhicules d’information sur l’accès à l’éducation et le soutien aux initiatives éducatives.
L’étude a également été évoquée à l’occasion d’un webinar organisé par la GIZ au nom du BMZ en collaboration avec l’INEE et le HCR. Le Dr Negin Dahya, université de Washington, auteur de l’étude susmentionnée, Laura Stankiewicz, auteur d’une autre étude axée plus spécifiquement sur le thème : « Technologie pour les réfugiés et IDP Education », Mary Mendenhall, université de Columbia, et Peter Mading Angong, enseignant en primaire dans le camp de réfugiés de Kakuma, ont discuté de la question suivante : « Éducation et déplacement forcé – quel rôle la technologie peut-elle jouer ? ».
ICT4Refugees (TIC pour les réfugiés) a également servi de thème à une conférence organisée le 31 mai à Berlin par le BMZ en coopération avec betterplace lab et avec Kiron Open Higher Education, qui a rassemblé des parties prenantes du gouvernement, de la communauté technologique et d’initiatives locales pour partager des solutions pratiques, des approches et des idées d’avenir sur l’utilisation des TIC pour aider les réfugiés. Une évaluation des enjeux et des besoins technologiques, basée sur des travaux de recherche menés en Grèce, en Jordanie et en Turquie, a notamment été présentée.
Comme l’a indiqué Günter Nooke, représentant personnel de la chancelière allemande pour l’Afrique et Commissaire du BMZ pour l’Afrique, pendant son intervention lors de la session plénière d’ouverture de la conférence eLearning Africa : « l’éducation des réfugiés est un des problèmes les plus pressants auquel nous devons trouver des solutions au niveau international ».