La science et la recherche ne sont jamais des fins en elles-mêmes. Elles servent de plates-formes pour faire le lien avec la communauté. Dans un contexte mondialisé où les solutions techniques sont foison, ce lien ne concerne pas uniquement les communautés voisines, mais permet de franchir les frontières nationales. Parfait exemple de ce phénomène, le projet Ilajnafsy de FU Berlin propose des traitements psychologiques basés sur Internet aux personnes souffrant de traumatisme au Moyen-Orient.
Le Centre scientifique allemand du Caire (DWZ) sert de plate-forme d’échange entre l’Allemagne et l’Égypte dans les secteurs des sciences, des technologies et de la recherche. Il permet d’approfondir la coopération et les partenariats qui existent déjà entre les deux pays. Travaillant en partenariat avec TU Munich, TU Berlin, FU Berlin, Philipps-Universität Marburg, Fraunhofer-Gesellschaft, Orient-Institute Beirut, DAAD, Alexander von Humboldt-Foundation et Zentralstelle für Auslandsschulwesen, le centre a été fondé sur l’idée d’une collaboration intensive qui a perduré pendant plusieurs décennies. Le Centre a obtenu de nombreux résultats positifs dont le plus notable est l’organisation de l’Année égypto-allemande des sciences de l’innovation en 2007-2008. Depuis sa création, le DWZ favorise la synergie entre des scientifiques allemands et égyptiens, en rapprochant des experts universitaires, des chercheurs et des représentants de l’industrie et du gouvernement.
Partenaire officiel de la conférence eLearning Africa, le DWZ a organisé une session sur le thème : « Applications en ligne pour un rayonnement universitaire dans les communautés ». Mme Eva Poxleitner de l’Académie Fraunhofer a notamment présenté ses travaux particulièrement intéressants. Intermédiaire entre les établissements de recherche et la communauté, l’Académie Fraunhofer permet un transfert de connaissances direct entre les projets de recherche Fraunhofer et la communauté. Pour Mme Poxleitner, il est crucial de « fournir des outils efficaces à l’utilisateur pour lui permettre d’interagir avec la recherche moderne et renforcer ainsi l’engagement et la productivité ». Elle a notamment parlé de la ludification, qu’elle considère comme un moyen de renforcer l’« auto-motivation de la pratique des compétences » dans un contexte non ludique. Elle estime que la ludification s’appuie sur la prédisposition naturelle de l’être humain au jeu.
Dans un contexte différent, Mme Christine Knaevelsrud, de l’université Freie de Berlin, a présenté un projet de recherche en psychologie basé sur Internet. Elle a notamment montré tous les avantages sociaux qui peuvent résulter d’une bonne exploitation du vaste potentiel des technologies de communication.
Mme Knaevelrud travaille en coopération avec des collègues d’Alexandrie, en Égypte, pour offrir des traitements psychologiques basés sur Internet à des personnes souffrant de traumatismes dans des régions de conflits violents. Depuis plusieurs décennies, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Afrique du Nord sont régulièrement secouées par des émeutes politiques et autres perturbations. Les guerres persistantes et les expériences brutales auxquelles sont confrontés les habitants de la région auront certainement une influence sur la santé physique et mentale de la population à long terme. Des taux élevés de symptômes dépressifs et de troubles post-traumatiques sont d’ailleurs déjà enregistrés.
Malheureusement, les soins médicaux et thérapeutiques dispensés dans la région ne sont pas adaptés. L’accès aux traitements médicaux et psychothérapeutiques est très restreint, ce qui signifie que de nombreuses personnes ne bénéficient pas du soutien psychologique dont elles auraient besoin. Toutefois, avec la propagation d’Internet dans les pays de langue arabe, de nouvelles possibilités de prise en charge humanitaire voient le jour, particulièrement dans le domaine de la psychothérapie. « Internet permet d’assurer un soutien psychologique sans que le thérapeute et le patient se trouvent au même endroit en même temps », explique Mme Knaevelsrud.
La conférence eLearning Africa s’est avérée être une plate-forme idéale pour les deux experts allemands qui ont mis en place de nouvelles collaborations et de nouveaux partenariats sur le continent africain. Le Centre scientifique allemand a saisi l’occasion unique qui lui était offerte de présenter l’expertise et l’innovation allemandes à des représentants de toute l’Afrique. Faciliter l’accès aux compétences d’eLearning allemandes reste une priorité pour les organisations allemandes travaillant dans les secteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur.