« La culture du eLearning fait face à une révolution conceptuelle » déclare Ahmed El-Sobky, le directeur du bureau technique de l’Agence pour le développement de l’Industrie des Technologies de l’Information (ITIDA). Il s’est entretenu avec le service presse de eLearning Africa sur les avancées du eLearning et les raisons pour lesquelles l’Egypte était bien placée pour partager son expertise en matière de TIC.
Cela fait deux ans que vous n’avez pas assisté à la conférence eLearning Africa et quatre ans que vous avez présenté vos travaux au forum ONLINE EDUCA BERLIN. Comment le eLearning s’est-il développé au cours de ces dernières années ?
La culture du eLearning fait face à une révolution conceptuelle. Ce changement n’intervient pas seulement dans l’apprentissage tout au long de la vie mais aussi dans l’enseignement formel et la formation en entreprise. En 1998, lorsque j’ai participé, avec l’université Middlesex du Royaume-Uni, au premier projet jamais entrepris dans notre [région], nous avons été confrontés à de nombreux obstacles. Le plus important était les étudiants eux-mêmes qui refusaient de prendre part à un programme où ils ne pouvaient pas communiqués de visu avec leurs tuteurs. L’autre obstacle était le refus des professeurs à mettre tout type de contenus en ligne.
Aujourd’hui, les choses sont totalement différentes. De nombreux étudiants s’inscrivent volontiers dans des programmes de eLearning d’enseignement formel ou de formation en entreprise. En Égypte, nous avons depuis créé l’Université égyptienne du eLearning (EELU), qui offre un vaste choix de programmes de premier et troisième cycles. 1360 étudiants au total se sont inscrits à l’université depuis 2009. Nous disposons désormais, au niveau du contenu comme des programmes, d’un réservoir de ressources éducatives ouvertes utilisé par un bon nombre d’établissements d’enseignement et d’organismes de formation. Par ailleurs, les médias sociaux jouent un rôle important tant sur le plan de l’enseignement formel qu’informel. Le Web 2.0 et, dans un avenir très proche, le Web 3.0 transformeront notre manière d’apprendre, tout comme le Cloud Learning. Nous sommes sans aucun doute face à une révolution conceptuelle, comme j’ai pu le constater lors de mes interactions avec d’autres chercheurs et professionnels à l’occasion du congrès ONLINE EDUCA BERLIN 2011.
Quel rôle pensez-vous que l’apprentissage mobile jouera dans les prochaines années ?
Le mLearning jouera bientôt un rôle essentiel dans les pratiques d’enseignement. Les appareils mobiles sont déjà des plates-formes utiles au transfert de connaissances et à l’accomplissement du changement des comportements en Afrique. Le rythme accéléré de pénétration de la téléphonie mobile dans la société africaine est un facteur fondamental dans ce développement. La technologie émergente des Smartphones et des tablettes PC entraînera une baisse de leur coût et l’utilisation répandue du haut débit sans fil augmentera également la dépendance au mobile en tant que plate-forme pour de nombreuses applications. Cela entraînera un plus grand recours au mLearning comme outil d’apprentissage, d’enseignement et de formation, notamment dans les zones rurales et reculées.
Votre présentation à eLearning Africa 2012 s’intitule « Le eLearning, la future manière d’éduquer ». Qu’est-ce qui vous a inspiré ce sujet ?
Ce thème m’a semblé approprié puisque la constitution de réseaux et l’Internet notamment seront à l’avenir les médias principaux, voire les seuls médias. Les établissements d’enseignement et organismes de formation ont de plus en plus besoin d’acquérir des compétences et contributions de différentes sources à travers le monde, ce qui les forcera à concentrer leur attention et leurs ressources sur le eLearning.
Pourriez-vous nous donner quelques informations sur votre présentation qui pourraient éveiller notre intérêt ? De quoi allez-vous parler ?
J’aborderai un certain nombre de problèmes ayant trait au secteur des TIC en Égypte et à la culture du eLearning, y compris les avancées marquantes du eLearning dans le pays et quelques programmes remarquables qui ont été développés en la matière. Je parlerai également de quelques-uns des défis auxquels nous sommes confrontés et discuterai de quelques idées de collaboration avec des partenaires à travers toute l’Afrique.
eLearning Africa est le plus grand rassemblement de responsables politiques, décideurs et professionnels de haut niveau issus du secteur éducatif, des entreprises ou du gouvernement. Vous êtes donc au bon endroit ! Quelles sont les perspectives d’une coopération plus importantes dans le domaine de l’enseignement et de la formation renforcés par les TIC ?
L’Égypte étant l’un des pays africains ayant adopté très tôt le eLearning, une opportunité formidable s’offre à nous de transférer les connaissances accumulées depuis 1998 au profit de tous les pays africains. Les experts égyptiens ont participé à l’élaboration des stratégies de eLearning dans deux blocs régionaux : les états du bassin du Nil et pays du COMESA. C’est une occasion en or de créer un enseignement virtuel et des centres de formation sur tout le continent, afin de proposer différents types de [programmes]. C’est une chance pour l’EELU de trouver des partenaires dans d’autres pays africains en vue de collaborer aux programmes de premier et de troisième cycles. De même, l’EELU peut proposer sur demande différents programmes sur mesure. En fait, les autres établissements égyptiens (publics et privés) peuvent s’impliquer en proposant de nombreux services en lien avec l’enseignement, l’apprentissage et la formation basés sur les TIC.
Est-ce une utopie ou un programme que vous êtes prêt à engager ?
La conférence eLearning Africa 2012 est une excellente opportunité pour les délégations africaines de discuter en personne des modèles de coopération possibles avec leurs homologues des institutions égyptiennes qui se tiendront à disposition dans le pavillon égyptien pendant la conférence et le salon.
La contribution de l’Égypte promet en effet d’être remarquable puisque l’ITIDA représente un nombre important de compagnies spécialisées dans les techniques d’information qui font des vagues en Égypte comme au-delà. Quelles sont les innovations eLearning qui ont façonné la nouvelle Egypte ?
Il existe là aussi une révolution conceptuelle : les innovations principales en matière de eLearning voyant le jour dans la nouvelle Égypte sont l’informatique sur tablette tactile, le Cloud Computing et les médias sociaux. La base de données de l’ITIDA est composée de 1601 compagnies, nombre qui croît chaque année. Le secteur TIC en Égypte est florissant et c’est l’un des rares secteurs à avoir connu un taux de croissance positif l’année dernière. La plupart des entreprises enregistrées auprès de l’ITIDA sont des fournisseurs de logiciels et des prestataires de service, seules 306 d’entre elles (environ 19 %) se concentrent sur la vente d’équipements informatiques.
Ahmed El-Sobky présentera son exposé « Le eLearning, la future manière d’enseigner » à l’occasion de eLearning Africa, Session 42SII Les technologies utilisées pour la mise en œuvre du eLearning dans les institutions de l’éducation supérieure, le vendredi 25 mai 2012, à 14 heures 30.
