En Afrique, l’innovation et l’entreprenariat social démarrent sur les chapeaux de roue et des progrès immenses sont en cours, notamment au sein de la communauté grandissante des femmes qui s’engagent dans le domaine de la technologie. Ce changement est rapide, mais quels en seront les conséquences sur les nombreuses traditions et cultures du continent ? La conférence eLearning Africa de 2013 se consacrera à l’examen des points d’intersection entre tradition, changement et innovation.
Le rôle des femmes en Afrique est actuellement un sujet particulièrement brûlant. Les organisations gérées par des femmes s’engagent dans une large gamme d’activités, allant du soutien entre pairs à la promotion de la responsabilité sociale et de l’entreprenariat. Des incubateurs d’entreprises, des organismes sociaux et des entreprises innovantes s’engagent résolument en faveur de la technologie et sont les catalyseurs de solutions nouvelles aux problèmes existants. Ils favorisent une culture de collaboration entre des femmes qui partagent la même vision et promeuvent la technologie et les sciences chez les jeunes Africaines avant même qu’elles ne quittent l’école.
Ushahidi est un exemple bien connu d’entreprenariat responsable en Afrique (www.ushahidi.com), Ushahidi est un outil de cartographie en libre accès créé par l’une des femmes entrepreneurs les plus célèbres d’Afrique, Ory Okolloh. Cette plateforme Internet était à l’origine destinée à effectuer un « crowdsourcing » de rapports et d’incidents de violence après les élections de 2008 au Kenya. Shaking Sun (www.shakingsun.com), un incubateur d’entreprises basé au Rwanda, est géré par Akaliza Keza Gara et promeut des ressources en libre accès dans la région, et MPrep (www.mprep.it), une startup kenyane gérée par Toni Maraviglia, fournit des solutions d’apprentissage par Internet mobile et par SMS.
Okolloh a commencé comme bloggeuse avant de fonder Ushahidi, elle est actuellement directrice de la stratégie de Google en Afrique, où elle promeut l’accès Internet pour les utilisateurs africains et favorise la création de contenus. Elle fait partie de ces femmes qui endossent des rôles clés au sein d’entreprises technologiques internationales basées en Afrique. Parmi les femmes qui ouvrent la voie dans ce domaine, on peut citer Isis Nyong’o, vice-présidente et directrice générale de InMobi (www.inmobi.com), et Rapelang Rabana, directrice générale de la Recherche et du Développement chez Telfree (www.telfree.com). Interrogée par le magazine Forbes (www.forbes.com/sites/mfonobongnsehe/2012/06/12/africas-most-successful-women-isis-nyongo) sur le conseil qu’elle souhaiterait donner aux femmes cherchant à accéder au domaine de la technologie en Afrique, Nyong’o a déclaré : « L’industrie technologique en Afrique n’en est encore qu’à ses balbutiements et les règles peuvent être redéfinies. Les femmes intéressées par une carrière dans la technologie doivent s’efforcer de saisir toutes les opportunités d’apprendre, d’acquérir de l’expérience et de participer. »
De nombreuses organisations et fondations surgissent et se fixent pour mission l’amélioration de la vie des femmes en Afrique grâce à la puissance de la technologie et des sciences. Working to Advance African Women (WAAW) (www.waawfoundation.org) est un organisme basé au Niger et dont l’objectif est d’aider les femmes à trouver leur place au milieu de la vague d’innovations technologiques qui déferle sur l’Afrique. WAAW propose des programmes scientifiques et technologiques pour les filles de 11 à 15 ans, des cours pour les femmes qui travaillent et des tutorats individuels. Le site Internet de WAAW affirme que l’éducation des femmes s’est révélée comme un facteur clé du développement d’un pays. Her Zimbabwe est une autre plateforme de ce type (www.herzimbabwe.co.zw), qui utilise les médias sociaux et les blogs pour explorer l’expérience des femmes du Zimbabwe en milieu urbain et encourage l’usage de la technologie comme moteur du changement.
Des groupes de soutien par les pairs et des entreprises de TIC, concentrés autour des principaux pôles technologiques au Ghana, en Afrique du Sud et en Afrique de l’Est confèrent une visibilité croissante aux femmes actives dans le domaine de la technologie. Le Woman of Uganda Network (www.wougnet.org) fournit un moyen aux femmes de partager des outils, des connaissances et de l’expérience sur les questions afférentes aux TIC, tandis qu’en Zambie, Asikana Network (www.asikananetwork.org) permet de renforcer le pouvoir et le mentorat des jeunes femmes intéressées par les TIC. L’incubateur pilote d’Akili Dada (www.akilidada.org) basé à Nairobi donne la parole à la prochaine génération de femmes leaders en Afrique et s’est associé avec de nombreuses organisations sur l’ensemble du Continent.
Le rôle de ce type d’organisation est plus important encore lorsque l’on considère la rigidité des rôles liés au genre dans un certain nombre de pays africains. Sans oublier les problèmes habituels de stéréotypes et d’invisibilité qui affectent les femmes dans l’univers de la technologie dans le monde entier. En Afrique, les femmes sont toujours considérées comme des citoyens de seconde classe. Dans un entretien avec TechCrunch (www.techcrunch.com) en 2011, Okolloh s’est ainsi exprimé : « La visibilité des femmes dans le domaine de la technologie représente un défi, ne serait-ce que par leur seule présence, particulièrement pour les femmes de couleur dans le domaine technologique. On rencontre tous ces stéréotypes sur ce que l’on peut et ne peut pas faire en tant que femme et, bien que ce ne soit pas facile, je pense que nous sommes en train de démontrer que nous pouvons nous mettre sur les rangs, peut-être de manière différente, mais que nous pouvons être présentes dans l’univers de la technologie et de l’innovation. » (www.aol.com/video/ory-okolloh-of-ushahidi/517279680)
Or, la technologie étant en train de s’étendre en Afrique, le renforcement du pouvoir et de la visibilité des femmes sur tout le continent semble être en voie d’accélération. Le fait que de plus en plus de femmes soient impliquées dans le secteur technologique en Afrique ne peut qu’être une bonne chose et il sera intéressant de voir comment la technologie et l’innovation réussiront à faire bon ménage avec les cultures et les traditions.