En Afrique, les gouvernements participent de plus en plus au développement du secteur des TIC. Conscients de l’énorme potentiel que représentent les TIC pour le développement, les gouvernements affichent dorénavant souvent un rôle de leader dans un domaine autrefois réservé aux entrepreneurs et aux multinationales informatiques. La vaste majorité d’entre eux se sont dotés de politiques nationales sur les TIC afin d’utiliser le pouvoir transformateur des TIC pour atteindre leurs objectifs de développement dans des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, l’emploi, le suivi de la pauvreté, la diffusion d’informations, l’accès aux services gouvernementaux et la gestion des catastrophes naturelles.
L’Égypte est un leader régional et même continental dans ce domaine. Depuis les années 1990, le pays est à l’avant-garde de l’action gouvernementale en matière de développement basé sur les TIC, avec la création de plusieurs institutions et l’élaboration de multiples plans sur les TIC. Les Nations unies considèrent d’ailleurs le pays comme un « pionnier » des TIC, avec une implication croissante des consommateurs égyptiens et le développement de l’activité d’externalisation et de délocalisation.
Depuis 2004, la plus grande partie de l’action du gouvernement égyptien en faveur des TIC se fait par l’intermédiaire de l’Agence de développement de l’industrie des technologies de l’information (ITIDA). Branche informatique du ministère des Technologies de la communication et de l’information, l’agence s’efforce de promouvoir la croissance de l’industrie informatique égyptienne afin de faire de l’Égypte un des plus grands centres mondiaux des technologies et des services aux entreprises. Ses activités consistent notamment à favoriser l’investissement direct étranger dans l’informatique égyptienne, à encourager l’externalisation étrangère dans le pays, à renforcer les capacités informatiques locales et à fournir des services aux entités publiques et privées afin d’aider l’industrie informatique égyptienne à se développer.
En prévision de l’organisation de la conférence eLearning Africa 2016 en Égypte et de la participation de M. Noha Adly, premier adjoint au ministre égyptien des Technologies de la communication et de l’information, à la prochaine conférence d’Addis-Abeba, Éthiopie, nous avons demandé à l’ITIDA de nous parler de ses réalisations, de ses problèmes et de ses espoirs pour l’avenir.
En quoi les TIC peuvent-elles servir de catalyseur à la croissance économique ?
En Égypte, les TIC jouent un rôle crucial dans le développement puisqu’elles représentent 3,9 % du PIB actuel avec un objectif de 8,43 % d’ici à 2020. La croissance a été impressionnante en 2012 (7,6 %) et en 2013 (10 %) malgré un contexte économique et politique difficile. Le secteur égyptien des TIC a atteint un niveau de maturité et d’expertise qui lui permet de se mesurer aux plus grands acteurs mondiaux et d’offrir des opportunités intéressantes aux investisseurs nationaux et internationaux.
Le secteur des TIC a joué un rôle clé dans ce développement. Les projets emblématiques lancés par le gouvernement pour construire des sociétés intelligentes et des parcs technologiques ont permis de créer plus de 50 000 emplois. Les TIC ont également contribué à améliorer les services gouvernementaux, avec l’automatisation de 3 000 entités gouvernementales et de 57 projets de service public. Grâce aux TIC, l’Égypte s’est efforcée de donner davantage d’autonomie aux handicapés. En 2015, elle a notamment formé 862 handicapés, avec un taux d’emploi de 70 %.
Pour les économies émergentes, les TIC sont la pierre angulaire du développement et de la croissance. L’Égypte est résolue à devenir la plus grande économie technologique de la région ainsi qu’un centre régional des TIC pour les entreprises mondiales qui cherchent un lieu pour établir leurs opérations et leurs services d’exportation à valeur ajoutée.
Il y a maintenant 10 ans que l’ITIDA a été créée pour développer l’industrie informatique égyptienne : pouvez-vous nous citer quelques-uns de vos plus grands succès ?
Les TIC ont bouleversé l’équilibre mondial au niveau économique, social et même politique. Leur impact sur la vie des gens crée toujours une quantité phénoménale d’opportunités de développement. C’est exactement ce que fait l’ITIDA : coopérer avec de multiples acteurs, développer l’industrie des TIC, favoriser les exportations et accroître l’investissement direct étranger, afin de créer davantage d’emplois et de possibilités d’investissement. Nous nous efforçons d’agir dans 5 domaines clés :
Capacités : l’ITIDA estime que le renforcement des capacités est l’épine dorsale de sa stratégie globale, ainsi que la garantie d’un développement durable du secteur des TIC en Égypte. L’ITIDA dispose d’un certain nombre de programmes qui ont été conçus pour favoriser le développement des compétences des salariés des TIC, pour le plus grand bénéfice des individus et des entreprises. Ces programmes mettent l’accent sur les compétences techniques ou managériales nécessaires aux futurs diplômés, aux salariés de base, aux cadres moyens et aux cadres supérieurs.
Investissements et exportations : attirer l’investissement direct étranger et doper les exportations sont les principales activités de l’ITIDA. La plupart des programmes, initiatives et incitations de l’agence sont axés sur la réalisation des objectifs de ces activités. Renforcer les capacités des entreprises locales, doter l’abondante réserve de talents des compétences requises, mettre en place des infrastructures et des programmes de coûts compétitifs pour soutenir la croissance des entreprises, et apporter un soutien gouvernemental sans équivoque font partie des actions menées pour favoriser la création d’un environnement capable d’attirer l’investissement direct étranger et d’accroître les exportations informatiques.
Portée du marché : « Egypt On » est le nom de la campagne lancée par l’ITIDA pour promouvoir le potentiel d’externalisation de l’Égypte et pour sensibiliser les principaux décideurs à sa compétitivité dans ce domaine. « Egypt On » s’efforce de stimuler la croissance des revenus égyptiens tirés de l’externalisation en se positionnant auprès des décideurs, mais aussi en positionnant l’Égypte comme une destination favorite pour l’externalisation de l’informatique et des services informatiques à l’étranger. La campagne communique sur la compétitivité de l’Égypte en tant que fournisseur de services informatiques et sur l’ITIDA en tant qu’un interlocuteur unique pour toutes les parties internationales qui souhaitent investir dans l’informatique, les services informatiques et/ou dans la délocalisation en Égypte.
Développement des infrastructures : l’Égypte a investi dans le développement d’infrastructures de niveau mondial, notamment des parcs d’externalisation des processus d’entreprise et d’externalisation informatique dédiés, ainsi que le Village Intelligent et le Parc technologique du Caire à Maadi, qui sont déjà en activité et qui emploient 135 000 salariés. Avec des projets de construction de zones technologiques dans tout le pays, l’Égypte se prépare à devenir un site de délocalisation multi-centres, afin de tirer le meilleur parti possible des capacités d’externalisation des processus d’entreprise du pays.
PME, entreprenariat et innovation : l’Égypte est un centre d’innovation informatique depuis les années 1960, mais aussi une puissance régionale en matière d’innovation informatique. Aujourd’hui l’ITIDA utilise un certain nombre de programmes pour créer l’écosystème d’innovation et d’entreprenariat nécessaire pour soutenir la croissance économique et la création d’emplois.
Quels sont les principaux obstacles qui empêchent l’Afrique de devenir une destination mondiale pour l’investissement informatique ? Que faites-vous pour attirer cet investissement en Égypte ?
La croissance économique et l’investissement étranger sont en pleine croissance sur le continent africain. Avec une croissance moyenne de 5 % à 6 % (qui atteint 8 % à 10 % dans certains cas), l’Afrique est un des marchés mondiaux les plus prospères en matière d’externalisation et de délocalisation. L’investissement en Afrique présente toutefois certains risques, notamment à cause de l’instabilité politique, du droit sur la protection de l’investissement et de la propriété intellectuelle, de la corruption, du manque de talents et de la qualité de l’éducation.
Les entreprises informatiques égyptiennes adoptent également une approche de leurs engagements axée sur les solutions, ce qui leur permet de répondre directement aux besoins précis de leurs clients. Ce fonctionnement a conduit au développement de capacités spécifiques à l’industrie et axées sur les logiciels dans l’industrie informatique du pays. L’amélioration du savoir-faire informatique de l’Égypte, ainsi que les multiples compétences présentes dans le pays, sont synonymes de vastes opportunités pour les décideurs et les fournisseurs de solutions informatiques africains, qui peuvent ainsi exploiter les capacités des entreprises égyptiennes et combler les lacunes de leurs propres pays en matière de compétences et de solutions.
Que sera la prochaine décennie pour l’ITIDA ?
L’ITIDA a pour objectif de bâtir et de promouvoir une industrie informatique de niveau mondial, capable de jouer un rôle croissant dans le développement économique de l’Égypte. Notre travail se caractérise par un engagement à long terme et par des investissements substantiels et permanents permettant de garantir des améliorations fondamentales durables. Notre stratégie est basée sur six secteurs stratégiques qui devraient aider l’industrie informatique égyptienne à atteindre ses objectifs :
- Générer une demande locale et internationale : utiliser des initiatives créatives, des programmes, des modèles d’entreprise, des politiques, des actions de sensibilisation aux TIC et des actions de lobbying en faveur du secteur informatique pour accroître la demande de TIC dans le secteur public et dans le secteur privé.
- Renforcer les capacités de l’industrie en améliorant la compétitivité des entreprises informatiques locales (y compris les PME), grâce à des programmes directs et indirects (par le biais d’ONG).
- Accroître l’investissement direct étranger, en développant sa présence et son engagement en Égypte, et en attirant de nouveaux investisseurs au moyen d’offres compétitives, d’un marketing ciblé et d’une promotion agressive.
- Soutenir l’innovation et l’entreprenariat, en servant de catalyseur pour promouvoir un écosystème facteur de croissance et de prolifération de l’innovation et de l’entreprenariat dans l’industrie informatique égyptienne.
- Promouvoir le développement du capital humain, en anticipant la demande des marchés mondiaux, régionaux et locaux en termes de talents/compétences informatiques et en travaillant en collaboration avec les acteurs concernés tels que l’éducation, les organismes de formation et les entités de recrutement pour concevoir et déployer des programmes de formation permettant d’alimenter le marché en salariés compétents.
- Soutenir le développement du marché des applications de signature électronique et des écosystèmes qui les entourent, en s’assurant que les infrastructures nécessaires sont en place.