L’ONG Aide et Action soutient et accompagne des groupes, des organisations et des gouvernements à travers le monde pour mettre en place des programmes d’éducation adaptés aux besoins particuliers de chacun des pays dans lequel l’association est active. L’Association est présente dans 24 pays au monde. En Afrique en 2010, Aide et Action met en œuvre plus de 30 projets dans 12 pays. Cette année, Aide et Action soutient la participation africaine à eLearning Africa en Tanzanie. Denis Ouedraogo est Responsable communication et parrainage pour le bureau régional Afrique d’Aide et Action. Il a répondu à nos questions et présenté quelques exemples de programmes soutenus par l’organisation AEA sur le continent africain.
eLA : Comment Aide et Action repère t-elle et choisit-elle les projets qui vont être soutenus ?
Les stratégies sont différentes en fonction des pays. Nous nous appuyons sur des études qui évaluent des situations économiques et politiques et l’état des systèmes éducatifs. La priorité est mise sur les zones où règne la « mal éducation ». Les critères de choix varient d’un pays à l’autre. Nous sommes très présents sur le terrain pour comprendre les attentes et les problématiques. En étant à l’écoute des communautés et des associations locales, nous évaluons les besoins et nous décidons soit de financer directement des projets soit d’aider les acteurs locaux à trouver des partenaires financiers Notre aide se présente souvent comme un véritable compagnonnage, nous cheminons ensemble au long cours.
eLA : Pouvez-vous nous raconter un exemple d’action que vous soutenez ?
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AEA se définit aujourd’hui comme une association de développement internationale qui contribue à l’éducation et à la scolarisation de plus d’1,2 million d’enfants en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes.
Son objet est faire progresser la cause de l’EPT (Education Pour Tous) et particulièrement pour toutes les communautés dont le droit à l’éducation n’est pas respecté.
Ses objectifs :
- Défendre le droit fondamental de l’éducation pour tous les enfants et particulièrement les plus défavorisés.
- Contribuer, dans les pays en développement où les taux de scolarisation sont parmi les plus bas, à l’éducation de base des enfants. Ceci en élaborant avec les partenaires (parents, enseignants, autorités éducatives et locales, ONG…) des pays concernés par notre intervention, des réponses adaptées aux besoins.
- Favoriser la prise en charge par les communautés de leur propre développement.
- Former les enseignants.
- Créer, grâce au parrainage, un lien de solidarité entre le Nord et le Sud.
Aide et Action est financée par des parrainages, des financements institutionnels, des partenariats d’entreprises et des legs.
Lien vers le site d’Aide et Action International : http://www.aide-et-action.org/[/callout]
Au Bénin par exemple, nous mettons en œuvre actuellement un projet « d’Appui au Développement des Alternatives Educatives » cofinancé par nous même et l’Union Européenne. Le projet est opérationnalisé avec l’appui de quatre communes au Sud du Bénin et vise à «contribuer à la satisfaction des besoins éducatifs alternatifs des jeunes, des adultes ». Concrètement, il promeut les conditions adéquates de formation et d’apprentissage de 1500 jeunes dans le domaine agricole, piscicole et des métiers artisanaux en vue de l’auto emploi. En outre, un programme d’alphabétisation fonctionnel en partenariat avec la Direction Générale de l’Alphabétisation et de l’Education des Adultes ( DGAEA) et l’Association TIN TUA/Burkina Faso est mis en place en vue d’améliorer le niveau d’alphabétisation des jeunes et des adultes notamment des femmes.
A l’issue de la formation, 100 apprenants des centres agricoles et artisanaux sont accompagnés dans leur installation. Près de 90 personnes ont bénéficié, à la fin 2010, de micro-crédit en appui à leur insertion.
eLA : Comment travaillez-vous avec les gouvernements ?
Nous essayons d’accompagner les dynamiques développées par les Etats mais parfois, nous devons aller à contre courant, dans la négociation, sans heurter. Par exemple, au Nord du Togo , il existait ce que l’on appelle des « écoles clandestines ». Situées dans des zones où le gouvernement n’avait pas forcément investi, ces écoles étaient des initiatives locales mais elles ne suivaient en rien le programme officiel. Ce sont les communautés qui les mettent en place et les parents d’élèves se cotisent pour désintéresser des enseignants volontaires recrutés localement. Le gouvernement considérait que ces établissements contribuaient à baisser le niveau d’enseignement et les syndicats d’enseignants voyaient aussi cela d’un mauvais œil. Les connaissances que les enfants avaient acquises n’étaient pas reconnues. Aide et Action a décidé d’accompagner ces écoles dans un processus d’intégration. Nous avons argumenté auprès de l’état pour faire comprendre que ces écoles avaient leur place dans le système, avec un réel accompagnement. Ce fut un travail de longue haleine, il nous a fallu plus de 10 ans pour créer des passerelles. Nous avons développé des cessions de formation spéciales pour mettre les enseignants à niveau. L’état a su être perméable à nos suggestions et nous considérons ce projet comme une grande réussite où l’interaction entre les « écoles clandestines » et le système en place a été très fertile. Aujourd’hui, l’Etat normalise ces écoles.
eLA : Quelle est la place des TIC dans vos programmes ?
Je dois dire que les TIC n’ont pas encore une place prépondérante dans les programmes que nous soutenons, et c’est une des raisons pour lesquelles nous voulons participer à eLearning Africa. Nous comptons bien échanger nos expériences et savoir ce que d’autres font en la matière. Nous avons quand même déjà quelques actions en cours et notamment en Tanzanie. Nous mettons en œuvre le projet « ADEN (Aide au désenclavement numérique)» qui s’active à la formation sur les technologies d’information et de communication (TIC) des acteurs éducatifs. Le centre Internet qui avait été construit à Misungwi et rendu opérationnel en 2008 est aujourd’hui équipé en installations sanitaires. L’objectif est de rendre ses conditions d’accueil plus favorables pour les visiteurs et les apprenants et de faire reculer les maladies liées au manque d’hygiène.
Le Centre Internet Communautaire, opérationnel depuis 2008, offre des services d’utilisation du Web et de secrétariat pour la population locale.