Aperçus de la conférence

« Le prochain Einstein sera africain »

Thierry Zomahoun, President and CEO of the African Institute for Mathematical Sciences
Thierry Zomahoun, President and CEO of the African Institute for Mathematical Sciences

Les matières STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) sont de « puissants moteurs de progrès dans une société mondiale » et sous-tendent une « grande partie de la vie moderne ». Cette philosophie est au cœur du travail de l’AIMS (Institut africain des sciences mathématiques), un réseau de centres d’excellence qui fait la promotion des STIM à l’école et à l’université, afin de renforcer les capacités autochtones dans ces matières cruciales. Véritable organisation panafricaine, l’AIMS possède des centres en Afrique du Sud, au Sénégal, au Ghana, au Cameroun et en Tanzanie, et bon nombre de ses diplômés enseignent à l’université, de la Zambie au Soudan. Thierry Zumahoun, PDG du Secrétariat mondial de l’AIMS, nous parle des travaux et des objectifs de l’Institut.

Zumahoun est une figure connue à la conférence eLearning Africa, puisqu’il a participé au débat de 2015, défendant avec passion l’importance de l’enseignement supérieur face à la formation professionnelle. Au sein de l’AIMS, il a présidé à la croissance du réseau à travers l’Afrique et lancé le Forum du prochain Einstein, qui a pour but de faire de l’Afrique « le futur centre mondial de la science, de l’innovation et de l’entreprenariat des jeunes ». Ses collègues et lui estiment que « le prochain Einstein sera africain » et qu’« il élaborera des solutions qui traverseront les frontières et changeront les vies ».

Pour M. Zumahoun, il est clair que les STIM sont un facteur clé du développement de l’Afrique. « Les STIM […] sont cruciales pour l’avenir de l’Afrique, explique-t-il. Elles forment des professionnels qui construisent des communautés et transforment les nations. Ces professionnels résolvent des problèmes mondiaux complexes. Ils s’efforcent de trouver des solutions au changement climatique, au cancer, à la faim, à la disparition des habitats et à une économie mondiale interdépendante. »

Le programme de troisième cycle de l’AIMS rassemble des étudiants de toute l’Afrique, ainsi que des enseignants, des professeurs et des tuteurs de niveau mondial. À ce jour, 500 étudiants de 35 pays africains sont sortis diplômés de l’Institut. M. Zumahoun estime cependant qu’il existe de nombreux obstacles à éliminer pour permettre le renforcement des STIM : des problèmes d’« isolement géographique et professionnel », des problèmes de manque de financement et d’inégalité d’accès à l’éducation, ainsi qu’un besoin « de salaires plus élevés, d’une meilleure image publique et de davantage de mentors pour les scientifiques africains ».

Il faudrait également réformer la manière dont les STIM sont enseignées. Selon M. Zumahoun, tout commence à l’école secondaire. « Nous avons besoin d’un plus grand nombre d’enseignants à l’école secondaire et de mathématiciens et de scientifiques aux niveaux master et doctorat, explique-t-il. Avec un nombre limité d’enseignants pour former la prochaine génération de leaders, les pays ne peuvent pas satisfaire à la demande croissante de professionnels des STIM disposant d’une formation moderne et avancée. »

« Des enseignants motivés et enthousiastes » produiront des étudiants motivés et enthousiastes et planteront les « graines de la curiosité » qui mèneront à de futures découvertes. « Les étudiants des systèmes éducatifs africains, ainsi que les futures générations, doivent comprendre et adopter la technologie qui envahit leur quotidien », explique M. Zumahoun.

L’AIMS s’est également engagé à inciter davantage de femmes à étudier les STIM. Cette année, 20 des 49 étudiants inscrits en master de sciences mathématiques sont des femmes. « Étant donné le pouvoir de transformation des STIM, souligne M. Zumahoun, il est important que nos jeunes femmes soient activement encouragées à s’intéresser aux STIM. Pour cela, nous devons équiper nos enseignants des compétences et des connaissances nécessaires pour motiver les filles et encourager les familles et les communautés à aider les filles comme les garçons à croire en leurs capacités. »

La réduction des inégalités de ce genre est un thème clé de l’Agenda 2030 en faveur du développement durable, un agenda dans lequel les STIM pourraient jouer un rôle important. « La réalisation des objectifs en matière d’éducation nous fournira les ressources nécessaires pour réduire la pauvreté, améliorer la santé et atteindre une croissance inclusive capable de réduire les inégalités dans et entre les pays », explique M. Zumahoun.

Avec davantage d’investissements privés et publics dans les STIM, les Africains pourront appliquer leurs connaissances aux problèmes auxquels ils sont confrontés, une évolution que l’AIMS place au cœur de son enseignement. « Les diplômés de l’AIMS sont formés pour devenir des entrepreneurs et pour appliquer des solutions aux enjeux communautaires », ajoute M. Zumahoun. Soixante dix pour cent de ces diplômés restent sur le continent, travaillant dans des universités ou pour des sociétés privées, dans les secteurs des TIC, de la finance et de la santé.

Ils feront partie de la « future génération de leaders » et le prochain Einstein pourrait bien être parmi eux.

Thierry Zumahoun fera partie des orateurs de la conférence eLearning Africa 2016, qui aura lieu au Caire, en Égypte, du 24 au 26 mai. Pour en savoir plus sur les autres orateurs de la conférence, rendez-vous sur la page du programme.

 

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