L’éducation est devenue plus internationale que jamais, l’eLearning ayant joué un rôle clé dans cette évolution. Grâce aux MOOC produits par les plus grandes universités et diffusés dans le monde entier, les enseignants peuvent toucher un public plus important que jamais. Mais, comme toujours dans la production de masse, un mouvement contraire est en train de voir le jour. Ce genre d’approche identique pour tous est-il vraiment idéal pour éduquer ? Ne vaudrait-il pas mieux que les supports de formation soient adaptés aux conditions locales ? Le mot-clé ici est « localisation », un terme dont les mérites feront l’objet d’une session intitulée : « La localisation est-elle importante ? ».
La situation linguistique d’une grande partie de l’Afrique, avec ses milliers de langues utilisées à différents niveaux de la société, est depuis toujours un véritable défi pour l’éducation. L’utilisation de langues nationales ou internationales dans les écoles est un avantage pour les gouvernements qui peuvent ainsi garantir la standardisation, utiliser les mêmes supports de formation dans tout le pays et simplifier la procédure de recrutement et de formation des enseignants. Mais la difficulté d’apprendre dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle peut avoir un impact très négatif sur les apprenants.
En Éthiopie, Mesfin Zeme, directrice de département à la SIL, s’est penchée sur la question de l’éducation en langue maternelle et présentera ses conclusions lors de la conférence eLearning Africa. La SIL est une organisation qui œuvre à l’autonomisation des communautés linguistiques éthiopiennes. Elle travaille actuellement avec 11 communautés linguistiques à la création de supports de formation en langue maternelle. Mme Zeme a recueilli des données provenant de deux projets multilingues gérés par la SIL et a découvert que « même s’il peut être difficile pour des enseignants de langue maternelle d’enseigner dans le cadre d’un programme d’enseignement multilingue basé sur la langue maternelle, il est encore plus difficile d’ignorer complètement la langue maternelle ».
Également présente en Éthiopie, mais aussi en Ouganda, l’initiative Maarifa vise à surmonter certains de ces enjeux, que son fondateur, Christer Gundersen, définit comme « la question de l’existence de bonnes ressources et de bons enseignants et la qualité de l’enseignement ». Maarifa travaille en collaboration avec des enseignants locaux, via le crowdsourcing et le micropaiement, pour traduire des ressources éducatives libres et les recontextualiser, et crée ainsi « une communauté de communautés disposant d’un objectif commun… créer des ressources d’apprentissage simples et légères ».
Même si la langue est un élément clé de la localisation, le contexte l’est aussi. Les ressources éducatives produites pour un public mondial ne tiennent pas compte des problèmes locaux ou des spécificités culturelles. Les apprenants trouveront alors ce contenu, même s’il est traduit dans leur langue maternelle, difficile à comprendre ou inapproprié, ce qui risque de les démotiver. C’est ce thème que Gerry van der Hulst, directeur de Three Mountains Learning Advisors au Rwanda, abordera lors de son intervention intitulée « John Cleese doit-il apprendre le kinyarwanda ? ».
Ce titre fait référence à une célèbre série de vidéos sur les compétences de management réalisée par le comédien britannique John Cleese. Il pose la question suivante : « Où est la contrepartie africaine de cette série, dans laquelle un comédien nigérien, égyptien ou rwandais présenterait les erreurs les plus communes faites par les managers africains ? ».
Sur la base de ses propres expériences, M. van der Hulst présentera des méthodes de localisation de textes, bandes audio et vidéos et se demandera si ces supports localisés peuvent également servir à des publics internationaux. En effet, si les enseignants peuvent tirer des bénéfices de l’envergure mondiale de l’eLearning, il est clair que les enseignements tirés des expériences locales doivent également être diffusés.
La localisation est-elle importante ? Venez débattre à la conférence eLearning Africa 2016. Cette session consacrée, comme beaucoup d’autres, au thème de la motivation des apprenants aura lieu le mercredi 25 mai au Centre des congrès du Caire. Pour en savoir plus sur le programme de la conférence 2016, rendez-vous sur la page du programme.