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Open source, l’impact mondial : le développement du mappage humanitaire

Mapping_itoLes avantages potentiels des logiciels open source – abordabilité, accessibilité, transparence et adaptabilité aux besoins et aux langues locales – sont particulièrement adaptés au sud en général et aux objectifs de développement avancés.

Les projets de mappage humanitaire en Afrique utilisant OpenStreetMap sont un exemple de la manière dont la technologie open source permet une meilleure collaboration et des gains mutuels.

Par Grace Benton

OpenStreetMap (OSM) est non commercial et peut être utilisé et modifié par n’importe qui – on l’a souvent appelé le « Wikipédia des cartes » et, comme Wikipédia, des utilisateurs de différents niveaux d’expertise peuvent modérer et contrôler tout ajout ou toute modification. Toutefois, au centre de l’initiative se trouve l’Equipe Humanitaire OpenStreetMap (ou HOT) – une équipe de bénévoles numériques qui soutiennent le travail humanitaire en participant à la carte open source, modifiable en ligne.

Le groupe HOT a été inspiré par le projet OSM qui, en 2009, a recruté des jeunes de Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, et les a formés à cartographier leur partie de la ville en utilisant des capteurs GPS. Alors que le bidonville était non cartographié ou ignoré jusqu’en novembre 2009, grâce au projet de mappage, les autorités et les habitants sont aujourd’hui mieux informés sur  son état, et Kibera est devenue une communauté plus sûre.

Reconnaissant le potentiel humanitaire, le groupe HOT a été formé en 2010, après le tremblement de terre haïtien, par des éditeurs bénévoles OSM qui souhaitaient participer aux efforts sur le terrain. Depuis, l’équipe a cartographié les zones jusque-là non cartographiées du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique – y compris la République d’Afrique centrale, la Côte-d’Ivoire, le Malawi et le Sénégal. Le but est de s’assurer que les agences humanitaires ont de bonnes cartes numériques qui sont particulièrement importantes lors de catastrophes naturelles, de conflits ou d’épidémies –, afin qu’elles soient en mesure de répondre correctement dès qu’une crise se produit.

Les cartographes numériques dessinent des cartes à partir d’imagerie satellite et de photographies aériennes – ils indiquent les routes, les bâtiments et les caractéristiques naturelles. Les personnes sur le terrain peuvent alors prendre ces cartes basiques et indiquer les détails locaux, comme les noms de rue ou les types de bâtiments. Ces « documents de terrain » détaillés sont téléchargés et ajoutés à l’OSM, et ce travail peut aussi être réalisé à distance par toute personne équipée d’une connexion Internet.

Depuis 2010, HOT a gagné en sophistication et a collaboré avec des ONG sur les cartes pour des programmes de secours et de fond. Ils ont travaillé avec la Croix-Rouge, pour cartographier les villes ougandaises de Gulu et de Lira, dans le cadre du programme de réduction des risques de catastrophes de l’ONG. Les villes se sont agrandies de façon spectaculaire au cours des vingt dernières années, et il n’existait pas de cartes précises. Maintenant, une initiative conjointe de la Croix-Rouge britannique, de Médecins Sans Frontières (MSF) et de l’équipe OpenStreetMap appelée « Cartes manquantes » a pour but de développer cette cartographie préventive des zones vulnérables non cartographiées, en rassemblant les ressources de la communauté en ligne des bénévoles HOT et les connaissances locales des ONG.

Son but étant de cartographier les zones urbaines les plus vulnérables et les plus pauvres du monde dans les deux prochaines années, Cartes manquantes accueille des événements « mapathon », où des volontaires se rassemblent pour cartographier une zone spécifique et sont formés à utiliser les outils requis. Andrew Braye, qui travaille pour l’équipe des Systèmes informatiques géographiques de la Croix-Rouge britannique, explique qu’il s’agit d’une relation à double sens : la Croix-Rouge britannique et MSF peuvent fournir le contact avec les programmes sur le terrain, la levée de fonds et les communications, ainsi que les salles pour accueillir les mapathons. Les informations aux travailleurs sur site concernant la manière dont les cartes sont utilisées sont particulièrement importantes, et Andrew Braye déclare  : « Avoir cette conversation plus large avec l’équipe HOT fut très puissant, car ils le faisaient parce qu’ils pensaient que cela avait un sens […] quand vous ajoutez une personne sur le terrain qui dit “non, non, cela est réellement important, cela fait toute la différence. »

Le projet est caractérisé par la collaboration entre les ONG « qui ne collaborent normalement pas avec les autres », explique Andrew Braye, et d’autres organisations ou des particuliers avec des programmes ou des besoins différents, mais qui ont un intérêt commun à accéder à une carte précise. Lorsque HOT a travaillé avec MSF pour cartographier Lumumbashi, en République démocratique du Congo, ils l’ont fait avec des membres du département de géographie de l’Université de Lumumbashi.

La tâche ne peut pas être dupliquée sur OSM, et lorsqu’une zone est cartographiée, elle est accessible à tous gratuitement. Des produits commerciaux comme Google Map sont gratuits pour l’instant, mais pourraient ne pas le rester. De plus, la nature open source d’OSM signifie que les utilisateurs peuvent « rechercher » dans la base de données et afficher certaines caractéristiques, comme des routes d’une certaine taille ou des zones d’une certaine densité de population. Les informations peuvent aider les gens non seulement à décider quelle route un bus doit prendre, mais quelle route doit être privilégiée – un outil pour la planification urbaine.

Il est également inhabituel, dans le monde des ONG, de travailler à la cartographie collaborative de manière naturelle et relativement non planifiée. Personne ne peut contrôler qui cartographie où et quand, et selon Andrew Braye, cela représente un défi et une énorme opportunité pour les ONG qui sont habituées à une méthode de travail linéaire et centralisée. « Ces communautés [OpenStreetMap] naissent partout, sans notre aide. Tout ce que nous faisons est d’essayer de les soutenir, nous n’essayons pas d’intervenir […]. Nous n’essayons pas de les contrôler. Si les Scouts s’impliquent et veulent faire quelque chose, c’est parfait. Nous essayons de les aider, nous espérons que cela se développera au-delà de notre contrôle. »

One Comment

  1. Souhaiterai promouvoir les potentiels des logiciels open source – et leurs abordabilité,

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