Sur le terrain

Hub Focus 2 : « Une série de petites expériences » – Creative Entropy Lab, Kigali, Rwanda

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Dans cette deuxième édition de Hub Focus, nous nous adressons à Barrett Nash, co-fondateur du Creative Entropy Lab. CE Lab se situe à Kigali, la capitale du Rwanda. Sa motivation réside dans l’engagement de ses co-fondateurs à « œuvrer concrètement à l’égalité des chances sur le plan mondial ». Barrett Nash et son ami co-fondateur Pedro Reynolds-Cuéllar cherchent à créer « quelque chose d’organique qui évolue et qui soit capable d’insister de manière positive sur les idées créatives de n’importe qui, n’importe où ». Découvrons comment ils comptent s’y prendre.

Quelles perspectives d’apprentissage et de formation CE Lab offre-t-il à ses utilisateurs ?

BN : aujourd’hui, la principale initiative de Creative Entropy Lab, appelée Empowered Internet, a pour but de favoriser l’accessibilité au matériel informatique via les cybercafés équipés d’ordinateurs portables et de tablettes dans des régions couvertes par le réseau Internet 3G/4G mais présentant de faibles taux d’accès, puis d’utiliser ces tablettes comme générateurs de formation et de revenu.

Si ce projet entend principalement utiliser les cybercafés comme des cafés, nous nous soucions avant tout de créer une boucle de rétroaction vertueuse entre le microwork peu spécialisé et le gain de connaissance au moyen d’une formation en ligne et en personne afin que les nouveaux utilisateurs puissent rapidement développer les compétences nécessaires à l’exécution de ce travail et générer un revenu.

Nous espérons, grâce à la création d’une activité parallèle génératrice de revenus accessible aux utilisateurs défavorisés et peu qualifiés, ouvrir la voie à une nouvelle échelle d’insertion où l’attrait d’un meilleur revenu garantira l’élargissement des compétences par le contenu pédagogique que nous proposons.

Dans quelle mesure la structure du Lab permet-elle de développer et de mettre en œuvre des projets tels que celui-ci ?

BN : la structure de CE Lab s’apparente à une startup hybride à but non lucratif. Cela signifie que si nous sommes axés sur la réalisation de notre mission altruiste, nous devons le faire en respectant la nature simple et disciplinée caractéristique des startup florissantes.

Ainsi, nous veillons à ce que le projet ait le potentiel d’être financièrement autonome, un facteur d’échec récurrent pour des projets ICT4D similaires. Toutefois, c’est au niveau microéconomique que la nature de notre startup nous permet de nous différencier. Si la plupart des projets ICT4D des ONG, des gouvernements et des universités font tout pour respecter les délais et les exigences strictes des projets, chez CE Lab nous cherchons davantage à élaborer un projet qui corresponde à notre mission.

CE Lab fonctionne plus comme une série de petites expériences, chacune ayant pour but de tester nos hypothèses. Ensuite, nous procédons à l’itération ou au pivot de manière positive à partir des leçons que nous tirons de ces expériences. À cet égard, notre produit évolue et en bien, je pense, car il nous permet de nous adapter positivement face aux données du monde réel.

Pour donner un exemple, au départ, Empowered Internet se destinait à être un simple cybercafé portable. Cependant, nous avons rapidement découvert qu’il serait difficile d’utiliser un simple accès Internet pour inciter les clients à payer les services de nos cafés. Il nous a donc fallu développer encore notre modèle. Après avoir analysé différentes approches, dont nous espérions en inclure certaines dans notre modèle à une date ultérieure, nous avons retenu les tablettes comme plateforme pour de meilleurs formations et revenus. En effet, nous avons découvert que si un utilisateur gagne de l’argent, il est plus enclin à payer le droit d’utilisation indispensable pour que ce modèle soit viable.

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Comment percevez-vous les laboratoires comme CE Lab qui luttent contre le chômage et le sous-emploi des jeunes au Rwanda ?

BN : à mon avis, le chômage des jeunes, associé au vieillissement de la population en Chine et dans l’hémisphère Nord, est le principal problème à moyen terme que doit affronter le monde d’aujourd’hui. Je pense que nombre de pays en développement souffrent de ce fléau ; ce qui est censé être l’opportunité d’une main-d’œuvre jeune et grandissante peut être gaspillée voire même devenir violente.

Il faut réagir. Les entreprises ne demandent qu’à recruter. Dans des pays comme le Rwanda, le système scolaire à lui seul forme des diplômés dont les compétences sont malheureusement insuffisantes pour rivaliser au niveau national ou international.

Nous nous efforçons de remédier à cette situation en tirant parti de la nature universelle d’Internet, une division croissante du travail numérique, et des demandes de revenu modeste des Rwandais afin de créer des opportunités de travail pour les jeunes Rwandais au chômage et en situation de sous-emploi. Notre objectif est de créer des programmes de formation en ligne et en personne capables de former de manière intuitive et très rapide un nouvel utilisateur afin qu’il puisse gagner un revenu de base et se permettre ensuite d’améliorer constamment ses compétences en vue d’accroître son revenu. Nous tentons de cibler une formation aussi spécifique que possible, dans l’espoir qu’en 10 à 15 heures, un nouvel utilisateur sera à même de se procurer un revenu.

Ce qui rend cette opportunité unique pour les jeunes chômeurs, c’est qu’elle n’est pas soumise à des contraintes de lieu mais dépend uniquement d’un accès Internet et des compétences nécessaires pour profiter de ces services de microwork en ligne. Dans un pays tel que le Rwanda, où dans 2 ans et demi, 95 % de la population bénéficiera d’Internet en 4G, cela signifie que toute personne disposant d’un accès à Internet et pouvant s’auto-former sera capable de s’auto-recruter.

IMG_20140309_150740En quoi Kigali est-elle un lieu privilégié pour les innovateurs et les entrepreneurs ?

BN : j’adore Kigali et j’en fait constamment l’éloge, dès que l’occasion se présente. Ce qui rend cette ville intéressante pour les innovateurs et les entrepreneurs ce sont : sa qualité de vie, son gouvernement visionnaire et la nature interconnectée du Rwanda dans son ensemble.

Ce que le gouvernement est en train de faire pour le monde de la technologie et des affaires est absolument digne de profond respect et d’admiration. Je dois profiter de ce que le gouvernement a déjà fourni, comme la création d’une entreprise en ligne en moins d’un jour, les espaces de travail gratuits, l’infrastructure de TIC de classe mondiale, mais aussi avoir conscience qu’ils travaillent chaque jour en vue de rendre leur pays, le Rwanda, toujours meilleur.

Mais le Rwanda ne serait pas un lieu de travail si plaisant sans sa population. On dirait que tout le pays s’est réuni en une sorte d’équipe sportive communale pour travailler en unité afin d’effacer les stigmates du génocide de 1994 et d’être connu pour quelque chose dont il pourrait être fier : sa réussite. Je ne saurais insister assez sur l’enthousiasme que j’éprouve à vivre dans un pays où il ya une telle interconnexion et détermination unifiée. C’est comme si le pays était du bois séché qui n’attendait plus que l’étincelle d’une idée de rupture pour s’embraser et transformer la société.

Merci Barrett Nash ! Nous espérons vous voir très vite à Kampala en mai.

Barrett Nash fera une présentation intitulée « Empowered Internet: Portable Tablet Cafes to Bridge Internet Coverage and Internet Access » à la conférence eLearning Africa de cette année organisée à Kampala, au Rwanda, du 28 au 30 mai.

Site Web : http://celab.co/

Twitter : https://twitter.com/centropylab

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