À une époque où les pays cherchent par tous les moyens à lutter contre le chômage des jeunes et la pénurie de compétences cruciales, la conférence eLearning Africa traitera cette année d’une question importante pour l’ensemble de l’Afrique. Le vendredi 22 mai, quatre experts de l’éducation débattront de la motion suivante : « Cette assemblée estime que l’Afrique a davantage besoin de formation professionnelle que d’enseignement universitaire ».
« Le débat va être intense », admet M. Damtew Teferra, enseignant à l’université de KwaZulu-Natal, Afrique du Sud, et fondateur-directeur du Réseau international pour l’enseignement supérieur en Afrique (International Network for Higher Education in Africa).
Opposé à la motion, tout comme le PDG du Secrétariat mondial de l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS – Afrique du Sud), Thierry Zomahoun, M. Teferra s’est récemment illustré, lors du Sommet de l’enseignement supérieur africain à Dakar, en plaidant, avec une équipe d’experts, pour que l’enseignement supérieur occupe une place plus importante dans les politiques de développement.
« Non seulement l’enseignement supérieur africain est important aujourd’hui, dit-il, mais il offre également un avantage concurrentiel à la croissance économique, déjà importante et durable, du continent. Toutes les personnes concernées doivent donc célébrer, articuler et populariser cette découverte sur le rôle de l’enseignement supérieur en Afrique. »
Gabriel Konayuma, du ministère zambien de l’Éducation, des Sciences, de la Formation professionnelle et de l’Éducation préscolaire, est d’un avis contraire. Il parlera en faveur de la motion. Il estime en effet que de nombreux pays africains ont développé leurs systèmes d’enseignement supérieur mais ont oublié de s’attaquer à la question du chômage.
« Les rues sont pleines de diplômés qui ne peuvent rien faire parce qu’il n’y a pas d’emplois pour eux. Dans mon pays, nous avons découvert que ceux qui avaient suivi une formation professionnelle étaient mieux à même de trouver du travail », explique-t-il.
Gabriel Konayuma a travaillé comme concepteur de programmes auprès de l’autorité chargée de l’éducation technique, de la formation professionnelle et de l’entreprenariat. À son poste actuel, il est plus spécifiquement chargé de promouvoir le développement de l’entreprenariat et l’apprentissage ouvert à distance. Selon lui, la formation professionnelle et la formation à l’entreprenariat dotent les jeunes des compétences dont ils ont besoin pour travailler pour eux-mêmes.
« Il ne suffit pas d’apprendre à construire une table, il faut que les jeunes sachent s’il existe une demande pour le produit qu’ils fabriquent, qu’ils comprennent l’économie et qu’ils commercialisent leurs produits en conséquence. »
Entrepreneur dans le domaine de l’éducation, Donald Clark de Plan B Learning, Royaume-Uni, est du même avis que Gabriel Konayuma. Entrepreneur de l’éducation, il n’est pas étranger au débat, car il est bien connu pour les opinions bien tranchées qu’il exprime sur scène et en ligne. Donald Clark a contribué au débat sur des questions similaires au Royaume-Uni. Dans un article sur le thème de la formation professionnelle et du chômage des jeunes publié sur son blog Plan B Learning, il explique que : « La majorité des jeunes Britanniques ne vont pas à l’université alors qu’une quantité très disproportionnée d’énergie, d’argent et de réflexion est consacrée à l’enseignement supérieur. Le reste est dans un état épouvantable, ce qui a conduit des générations de jeunes à se sentir perdus, trompés et même abandonnés. »
Le débat de style parlementaire sera présidé par M. Mor Seck, le directeur du Centre d’enseignement à distance du Sénégal, l’Association africaine des centres d’enseignement à distance (AADLC) et M. Harold Elletson, rédacteur du Rapport d’eLearning Africa.
Pensez-vous que les pays africains doivent investir leurs maigres ressources dans la formation professionnelle ? Ou estimez-vous, au contraire, que dans le contexte mondial d’aujourd’hui, hautement compétitif et en évolution rapide, les Africains ont plus besoin de la flexibilité et de l’adaptabilité apportées par l’enseignement que de la rigidité de la formation professionnelle ? Exprimez-vous dans la partie commentaires ci-dessous et sur notre groupe Facebook. N’oubliez pas que vous pouvez également nous suivre sur Twitter @eLAConference.