Tendances

L’Ouganda progresse à petits pas sur la voie de l’e-gouvernement

IMG_2628Dans cette dernière édition de la Revue de presse de l’Ouganda, Mark Keith Muhumuza se penche sur les projets technologiques qui font évoluer, doucement mais sûrement, le visage du gouvernement ougandais, comme cela a été expliqué lors de la session d’eLearning Africa 2014 intitulée « Initiatives locales : projets de TIC en cours en Ouganda »

Les piles de dossiers en papier kraft sont une vision courante dans les services publics, les hôpitaux, les bureaux du cadastre et les services fiscaux ougandais. Ces dossiers sont, depuis toujours, responsables de retards massifs au niveau des services administratifs.

Mais le changement est en cours, car certaines agences ont commencé à se doter d’innovations technologiques. La plus avancée à ce jour est l’Administration fiscale ougandaise (Uganda Revenue Authority – URA) qui a adopté, en 2010, l’e-registre fiscal. La 9e Conférence eLearning Africa hébergée par le gouvernement de l’Ouganda, a permis à William Kiganda, commissaire adjoint de l’URA chargé de la fiscalité nationale, d’expliquer aux délégués que des améliorations significatives ont été enregistrées quant à l’efficacité de la collecte des impôts depuis le lancement de l’e-impôt.

Il a également indiqué que la plupart des entreprises déclarent dorénavant leurs impôts en ligne et que ce système a permis de limiter le temps que les contribuables passent dans les bureaux de l’URA.

Le gouvernement a rendu obligatoire l’acquisition par tous ses salariés de numéros d’identification fiscaux (NIF).

D’autres agences et ministères progressent également à ce niveau. Le Dr Eddie Mukoyo, commissaire au ministère de la Santé, a expliqué aux délégués qu’il avait supervisé l’introduction d’un système de gestion des informations de santé qui a permis d’établir une cartographie des services et des professionnels de santé dans l’ensemble du pays. Cette initiative a été reproduite au ministère de l’Administration locale et au ministère des Ressources foncières.

L’Ouganda fonctionne selon un système décentralisé en vertu duquel les gouvernements locaux mettent en œuvre les programmes centraux. Les gouvernements locaux élaborent également leurs propres budgets de fonctionnement pour l’exercice fiscal sur la base des fonds mis à disposition par le gouvernement central sous la supervision du ministère de la Planification financière et du Développement économique. Francis Okori, commissaire adjoint au ministère de l’Administration locale, indique que le ministère dispose d’un système de suivi et d’évaluation qui permet de recueillir des « informations sur toutes les prestations de services » assurées dans le pays.

Le ministère des Ressources foncières a également mis au point un système électronique pour gérer le cadastre. Ce dernier était régulièrement paralysé par des retards massifs dans le traitement des titres de propriété, par une mauvaise cartographie du pays et par des services fortement dépendants des formalités administratives.

D’après Richard Oput, commissaire au ministère des Ressources foncières, le système de gestion des informations cadastrales a permis de réduire le temps passé à la recherche d’informations foncières dans l’agglomération de Kampala, recherches qui ne sont plus que de « 1 à 5 jours de travail ; l’enregistrement des prêts hypothécaires étant également beaucoup plus rapide ».

Tout n’est pas rose

Au niveau du cadastre, les problèmes restent cependant omniprésents. L’acquisition de terrains reste un processus lent pour quiconque n’est pas une banque commerciale ou une société immobilière. Les particuliers doivent encore être très patients lorsqu’ils veulent acquérir des terres. Le ministère des Ressources foncières l’admet volontiers, expliquant que, pour l’instant, le système électronique est une « intervention à court terme » au sein d’un problème plus large.

L’Ouganda est également confronté à des problèmes d’infrastructures, notamment au niveau des routes et de l’électricité dans certaines régions. Pour que les projets d’e-gouvernement puissent continuer à progresser, il est indispensable que les gouvernements locaux et la majorité des Ougandais aient accès à des routes, à l’électricité et à Internet. Les statistiques de l’ITU montrent que la pénétration d’Internet en Ouganda concerne environ 5 millions d’utilisateurs sur une population de 35 millions d’habitants.

La plupart des commissaires admettent que le manque d’infrastructures nuit à l’accès aux nouveaux systèmes d’information. Par exemple, les services de santé restent très peu présents dans le secteur rural. L’absence de travailleurs de santé est un problème qui est souvent évoqué, la pénurie de médicaments et de main-d’œuvre est encore courante et les gens continuent à parcourir de longues distances pour se faire soigner.

Plus troublant encore, « nous sommes confrontés à un manque criant de communication entre les différents systèmes de gestion de l’information, ce qui conduit à des doublons inutiles », admet Francis Okori, du ministère de l’Administration locale, qui explique que les agences gouvernementales et les ministères vont devoir faire des efforts de concertation pour la mise en œuvre de ces systèmes.

La pérennité des systèmes de gestion en ligne est également remise en question, sachant que la plupart de ces systèmes sont financés par des donateurs. Si les donateurs se retiraient, il est probable que la plupart d’entre eux fermeraient.

Ce problème préoccupe fortement le Dr Eddie Mukoyo, du ministère de la Santé. « Le pays doit s’approprier ces projets, qui doivent être dirigés par le gouvernement. Il revient également au gouvernement de prendre en charge les initiatives d’e-santé. Toutes ces initiatives doivent être alignées sur les besoins du gouvernement et doivent être incluses dans le budget », explique-t-il.

Les financements des donateurs ciblent également certains domaines spécifiques, les ministères n’ayant d’autre choix que d’adhérer à leur répartition. Cela pose un problème de pérennité une fois que les donateurs sont partis, sans compter les problèmes d’inefficacité et de doublons au niveau des rôles.

« L’enseignement et l’apprentissage se font de manière désordonnée en raison du manque de coordination entre les projets d’intégration de TIC lancés par les organes de financement », indique Annet Mugisha Kajura, commissaire au ministère de l’Éducation et des Sports.

L’éducation toujours à la traîne

L’e-formation continue également à être confrontée à des problèmes qui lui sont propres. La modification des programmes qui devait permettre d’ajouter l’étude des TIC à l’école secondaire s’est faite à une époque où l’Ouganda manquait encore cruellement d’enseignants spécialisés dans les TIC. Mme Kajura explique que l’Ouganda possède de nombreux « technocrates » qui savent ce qu’il faut faire mais qui sont incapables de transmettre efficacement ces connaissances aux « enseignants d’enseignants » dans les universités chargées de la formation des maîtres.

« Les enseignants n’apprennent que des connaissances de base, admet-elle. Ils apprennent à allumer et à éteindre un ordinateur et à se servir de Microsoft Word. Mais ils n’apprennent pas comment utiliser les TIC pour améliorer leur enseignement. »

 

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