Les éducateurs et les chercheurs sont partagés quant aux qualités pédagogiques, sociales et technologiques des médias sociaux, et notamment de Facebook. Certains disent que Facebook peut servir de plate-forme d’apprentissage en permettant aux étudiants de collaborer et de communiquer entre eux. D’autres estiment que Facebook n’a aucune valeur pédagogique et que la plate-forme ne sert aucun objectif académique. Dans le pire des scénarios, elle pourrait même avoir un impact négatif sur les performances individuelles.
Pauline Bugler
Ayotola Aremu est professeur associé de technique pédagogique à l’université d’Ibadan au Nigeria où elle enseigne, depuis 14 ans, la conception et l’utilisation des supports pédagogiques aux étudiants de premier et deuxième cycle.
L’établissement était confronté à des problèmes permanents d’accès à la plate-forme d’apprentissage en ligne de l’université en raison du nombre trop important d’étudiants inscrits. En outre, le manque de salles de cours et d’installations technologiques empêchait les étudiants d’assister aux cours tous en même temps, cours qui s’apparentaient alors à des caravanes se déplaçant de salle en salle à la recherche d’espace. Quant à Mme Aremu, enseignante principale, de multiples responsabilités l’éloignaient souvent des salles de cours.
Cette situation difficile a incité quatre enseignants à remodeler un module de formation intitulé Technologies et médias pédagogiques (destiné aux futurs enseignants de deuxième cycle) en utilisant Facebook. Leur choix s’est porté sur ce réseau social en raison, notamment, de sa popularité. La formation, une fois lancée, a consisté pour huit groupes d’étudiants à assister à des cours en présentiel entre deux semaines de travail en ligne.
Mme Aremu décrit un exemple de travail confié aux étudiants : il s’agissait pour eux de s’imaginer arrivant dans une école pour leur premier poste d’enseignant et découvrant un laboratoire technologique particulièrement mal équipé. Il leur était demandé de faire la liste des équipements dont ils auraient eu besoin et d’expliquer l’utilisation que d’autres enseignants pourraient faire de l’un des équipements cités.
Les étudiants d’Ibadan pouvaient ensuite poster leurs commentaires sur Facebook depuis le confort de leur maison. Les enseignants étaient curieux de savoir si la plate-forme de média social était capable de favoriser la diversification des supports pour différents styles d’apprentissage, d’interaction et d’apprentissage authentique. Il s’agissait, en outre, de solliciter et de développer la pensée critique des étudiants.
Mais, un média conçu pour les échanges informels est-il réellement capable d’assumer un rôle aussi essentiel dans l’éducation formelle ?
À la réflexion, les enseignants ont estimé que l’objectif de partage de contenus et de mise à disposition de ressources riches en supports a été largement atteint. Par contre, le média social est resté une plate-forme sociale et n’a jamais atteint le stade de plate-forme pédagogiquement motivante. L’objectif de développement de la pensée critique et d’apprentissage authentique n’a pas été véritablement atteint.
« Les enseignants sont convaincus qu’avec davantage de travail au niveau de la conception pédagogique, la page Facebook pourrait permettre de mener à bien tous les objectifs définis dans les cinq domaines concernés », indique cependant Mme Aremu.
Les enseignants estiment également qu’un engagement très important est nécessaire pour parvenir à motiver continuellement les étudiants et à les inciter à s’impliquer sur de telles plates-formes. Leurs performances doivent être constamment surveillées en termes de réponses et d’activités.
D’autres réseaux sociaux actifs dans le secteur de l’éducation permettent dorénavant aux étudiants d’accéder aux devoirs ou aux tests prévus par leurs enseignants. Ils sont généralement équipés d’un système de date limite d’envoi. Contrairement à Facebook, certains de ces sites sont sensibles à l’orthographe et ne permettent pas aux étudiants de poster du contenu sur les pages des autres étudiants. Les enseignants peuvent également télécharger des pièces jointes pour les travaux qu’ils confient aux étudiants.
Le projet en ligne a eu un effet positif sur les étudiants d’Ibadan dans la mesure où bon nombre d’entre eux ont dû utiliser la plate-forme pour la première fois, ce qui leur a, au moins, permis d’améliorer leurs compétences technologiques. Il est important de noter que la majorité d’entre eux n’avaient probablement jamais été confronté à la technologie mise au service de l’apprentissage au cours de leur premier cycle universitaire.
De nombreux étudiants ont estimé qu’il aurait été préférable de leur proposer des démonstrations sur l’utilisation du média social avant le lancement du module. Ils ont également réclamé la publication d’un résumé collectif de toutes les activités de la semaine une fois toutes les soumissions et messages reçus. Motivés par la possibilité d’utiliser la technologie à des fins d’apprentissage, les étudiants ont indiqué qu’ils ne manqueraient pas d’utiliser les médias sociaux à l’avenir dans le cadre de leur apprentissage si des structures appropriées étaient mises à leur disposition.
Mme Aremu et ses collègues ont l’intention de continuer à utiliser les réseaux sociaux comme outils pédagogiques, en tenant compte des suggestions des étudiants et en recherchant d’autres médias sociaux.
Utilisez-vous les médias sociaux en classe ? Faites-nous part de votre expérience en nous envoyant un commentaire ci-dessous. Mme Ayotola Aremu et d’autres orateurs partageront leurs expériences sur l’utilisation de Facebook à l’université lors de la prochaine édition d’eLearning Africa. Vous en saurez plus ici.
La balle est dans le camp des étudiants.
Bonjour, je suis d’avis que tout projet de formation doit avoir des objectifs pédagogiques. Si tel est le cas l’utilisation de Facebook pour l’éducation est possible. A cet effet, l’organisation d’un espacé dédié est obligatoire avec la Direction de Facebook. Les règles doivent être écrites, claires et acceptées d’accord parties. Etant donné le temps que les jeunes passent sur Facebook, je suis de ceux qui encouragent un tel projet. Attention ! Acquérir des compétences de savoir, savoir faire, savoir faire – faire et savoir être, c’est un projet sérieux ! Un projet exige une étude de faisabilité technique et financière, un test de lancement, un plan com ainsi qu’un dispositif de suivi – évaluation. Chacun son métier ! ce volet relève non pas des utilisateurs enseignants et étudiants mais du Propritaire de la plateforme. C’est mon avis. Nota bene : des sponsors pourraient faciliter les premiers…