L’économie africaine commence à faire face à un problème ordinaire. Alors que les investissements, l’exploitation des ressources et les emplois sont florissants, les compétences nécessaires à leur mise en valeur manquent bien souvent. Des enquêtes menées en 2012 en Afrique du Sud ont révélé que plus de 800 000 postes hautement qualifiés étaient vacants, et ce dans tous les secteurs économiques du pays. Le développement industriel allant croissant, il est urgent de s’assurer que les richesses générées sont équitablement redistribuées, notamment au bénéfice des Africains ; une raison supplémentaire de travailler au développement d’une main-d’œuvre qualifiée. Jay Cross, conférencier convié à la Conférence eLearning Africa 2014, est l’un des plus grands experts mondiaux de l’apprentissage en milieu professionnel, et plus précisément de l’apprentissage informel. Le département presse d’eLearning Africa est parti à sa rencontre afin de discuter avec lui de son travail.
Jay Cross est l’un des plus importants pionniers de l’eLearning. Pour être tout à fait précis, c’est même à lui que l’on doit la première utilisation de ce terme, et ce dès 1998. L’ambiance était à l’époque effervescente, la rapidité avec laquelle l’industrie de l’eLearning allait se développer était inimaginable et personne ne pouvait encore deviner le pouvoir qu’auraient les nouvelles technologies. « Certaines technologies d’apprentissage en ligne sont aujourd’hui spectaculaires » nous confie Jay. « Elles incorporent le meilleur de ce que le web 2.0 a à proposer et sont en outre étroitement liées aux outils permettant d’exécuter toutes les tâches »
Jay est cependant le premier à admettre que bien des choses que lui-même et ses compagnons avaient théorisées, aux prémices de leur carrière, n’ont jamais vu le jour. « La vision de l’apprentissage en ligne qui était la nôtre, à savoir un eLearning personnalisé, sur demande et dans le Cloud, ne s’est jamais vraiment imposée. Le concept de systèmes reconfigurables d’outils d’apprentissage n’a par exemple jamais quitté nos ateliers ». Mais ce qui émanait des premiers jours de l’aventure était avant tout une nouvelle conception incroyablement puissante, définie par Jay en 1998 comme suit : « L’eLearning relève de l’apprentissage à l’aune d’Internet, de la convergence des enseignements et des réseaux sociaux».
La volonté de synthétiser l’apprentissage et les réseaux sous-tend certaines des idées émises par Jay sur l’apprentissage informel. En tant que fondateur de l’Internet Time Group, il a aidé de nombreuses organisations à améliorer leurs formations, en mettant notamment en avant la disparité entre les dépenses consenties par les entreprises dans l’enseignement et la façon dont les étudiants apprennent réellement.
Tenant compte du fait que 90 % de l’apprentissage est informel, Jay se demande pourquoi les entreprises continuent de dépenser 80 % des budgets qu’elles allouent à la formation pour des cours se tenant dans des classes traditionnelles ; formations, qui plus est, bien souvent destinées aux seuls employés débutants. « Les organisations doivent investir dans des infrastructures d’apprentissage destinées à toutes et à tous. Attendu que l’apprentissage est social, mobile et participatif, les organisations doivent investir dans la création de réseaux sociaux, rendant ainsi les services disponibles sur les appareils mobiles ; elles doivent par ailleurs adopter une culture de découverte, d’expérimentation et de partage ».
Cette vision correspond assez bien à la situation de l’eLearning en Afrique. Tandis que l’Objectif du Millénaire pour le Développement visant à faciliter l’accès universel à l’enseignement primaire a attiré l’attention générale, depuis l’an 2000, sur la nécessité de développer les infrastructures, les réseaux informels d’apprentissage africains se sont, dans le même laps de temps, considérablement étendus, les réseaux mobiles permettant à la population d’accéder aux contenus en ligne, et de les partager, non seulement dans un cadre professionnel, mais également dans tous les domaines de l’apprentissage.
Ici, Jay fait preuve de prudence. «Les savoirs, les connaissances, peuvent revêtir deux aspects distincts, mais l’apprentissage les réclame tous deux. L’eLearning met l’accent sur le savoir explicite, pouvant être réduit à de simples formules. Mais l’eLearning ne sied pas au partage de connaissances tacites qui réclament une mise en œuvre et un apprentissage pratiques. Bien qu’il soit certainement possible de renoncer aux infrastructures connectées, il est impossible d’éluder la culture de l’apprentissage »
Comme vous pouvez vous en douter, Jay Cross n’est pas un adepte des grands exposés. Lors de la Conférence eLearning Africa 2014, il relatera de nombreuses expériences vécues tout au long de sa carrière dans le monde de l’enseignement. Si vous désirez en savoir plus sur la Conférence eLearning Africa 2014, veuillez suivre ce lien.
Un article très intéressant, merci !