Johannes Cronje est l’un des conférenciers invités à la prochaine Conférence eLearning Africa. En sa qualité de Doyen de la Faculté Informatique et Design de l’Université Technologique de Cape Peninsula, lorsqu’il commencé à enseigner dans le cadre d’un MOOC, il a voulu bien faire les choses. Peu convaincu du fait que les méthodes d’enseignement traditionnelles pouvaient être transférées directement sur une plateforme en ligne, il est retourné sur les bancs de l’école. Redevenu étudiant pour un temps, il s’est inscrit à plusieurs MOOC, espérant acquérir ainsi une expérience utile qui lui permettrait de mieux enseigner. En tant que chargé de cours et responsable de 42 étudiants, il est pardonné d’avoir – de temps à autres – pris du retard dans les devoirs personnels qu’il devait faire dans le cadre des différents MOOC auxquels il était inscrit, car son initiative lui a permis de comprendre différents points très précieux quant à la meilleure manière d’aborder l’enseignement d’un MOOC.
Dès lors que l’on parle d’enseignement à distance, l’une des craintes les plus couramment soulevées est le risque de perdre la dimension sociale de l’éducation – facteur qui, aux dires de certains, pourrait en fin de compte constituer un frein à l’apprentissage. D’après Cronje, cette crainte est infondée, car dans la réalité, l’aspect social des universités n’est plus qu’un mythe. “Dès lors qu’un cours universitaire est de qualité, les étudiants doivent fournir une quantité de travail personnel qui est bien supérieure au travail réalisé en classe. Par essence, un MOOC n’est rien d’autre qu’un manuel ou livre interactif. Le défi est de faire en sorte que les élèves aient envie d’apprendre. Il faut étudier beaucoup plus tout ce qui touche à la motivation, et plus particulièrement à la motivation dans le cadre de l’enseignement à distance”.
Pour Cronje, ce qui doit retenir l’attention, ce sont les problèmes structurels qui sont souvent constatés avec les Cours En Ligne – le taux d’abandon élevé, le « problème supplémentaire lié au fait que si un cours est mal construit, ce sont des milliers d’étudiants qui travaillent à partir d’un matériel de mauvaise qualité », et l’effet de surcharge d’information sur les étudiants. Et Cronje d’ajouter : “Lorsque l’on apprend sur Internet, le problème est bien souvent la surabondance d’information, et non l’inverse”. Dans son rôle de professeur, il a découvert qu’avec l’apparition de l’Enseignement à Distance, son rôle et ses responsabilités ont évolué : il doit désormais aider les étudiants à trouver leur chemin dans un paysage d’informations sans limites et avec très peu de repères leur permettant de s’orienter.
A l’inverse, Cronje reconnaît que dans certains cas, il peut être bénéfique de donner autant d’informations que possible aux étudiants : par exemple, lorsque le but est de leur demander de contextualiser l’information et de l’adapter à ce qu’ils apprennent, à leur situation ; dans ce cas, la tâche consiste à surmonter la difficulté de décider de ce qui est important et de structurer correctement l’information.
Aujourd’hui, le paysage de la formation a considérablement évolué grâce aux cours en ligne et à la grande disponibilité de l’information et Cronje pose la question de savoir pourquoi les cours sont encore enseignés « à l’ancienne », avec des universités africaines et européennes dans lesquelles « les étudiants assistent aux cours et les enseignants donnent les cours”… Bien qu’en s’exprimant de cette manière, Cronje ne témoigne d’aucune tendresse particulière pour le système “à l’ancienne”, il n’est pas non plus un partisan inconditionnel des MOOC : “Je suis convaincu que les MOOC peuvent potentiellement réduire plus encore les différences à travers le monde, mais je dois dire que je suis également convaincu que les MOOC connaissent aujourd’hui un engouement qui va passer. Et puis, plus il y aura de personnes pour les mettre au point, plus les MOOC vont diminuer en taille”.
Dans un tel contexte, que nous réserve l’avenir ? Pour Cronje, l’apprentissage mixte – dès lors qu’il est bien fait – est sans doute le bon moyen de faire converger ces deux méthodes d’enseignement. « La recette pour réussir un programme d’apprentissage mixte, c’est d’organiser les choses afin de maximiser l’apprentissage des élèves en leur confiant des tâches à réaliser (des tâches d’apprentissage réelles, par opposition aux « devoirs ») tout en minimisant le travail de l’enseignant grâce à des techniques d’autoévaluation par exemple. Par autoévaluation, je veux dire qu’une fois la tâche terminée, nous savons que l’étudiant a acquis des compétences car si ces compétences n’avaient pas été acquises, l’étudiant n’aurait pas été capable de réaliser la tâche ».
C’est avec sa double casquette d’enseignant et d’étudiant que Cronje parlera de son expérience avec les MOOC lors de la Conférence eLearning Africa qui aura lieu à Windoek en Namibie. Il espère pouvoir y prendre contact avec de très nombreuses personnes « Je vais y retrouver un grand nombre de mes amis et je vais m’en faire beaucoup d’autres » dit-il avec un grand enthousiasme.
La Conférence eLearning Africa sera également l’occasion de participer à plusieurs sessions sur les MOOC, parmi lesquelles la session « Fou des MOOC ? Mais qu’est-ce qui fait un bon MOOC ?” présidée par Gertjan van, Stam. Durant cette session interactive, les participants débattront des stratégies et des modèles permettant de mettre au point des MOOC de qualité et bénéficieront d’expériences de mise en place de MOOC avec des activistes des médias.
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