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Hope flies drones

Il est étonnant de voir ce dont l’ambition humaine est capable ; particulièrement quand il s’agit de transformer la pire adversité en un facteur de changement et d’espoir, rien que ça. Si vous aviez demandé aux gens, il y a quelques années, ce qu’était un drone pour eux, vous auriez peut-être été surpris d’apprendre que la majorité d’entre eux les considéraient, ni plus ni moins, comme des machines à tuer. Les aéronefs pilotés à distance, également appelés drones, étaient largement impliqués dans ce que l’on appelait alors des « exécutions ciblées ». Imaginez un individu sans visage, basé à des milliers de kilomètres de là, qui a la capacité de lancer une attaque à tout moment. C’était, et à juste titre, le cauchemar de nombreuses personnes. Retour au présent : quel ne sera pas votre étonnement de constater que ce symbole de destruction est devenu une lueur d’espoir pour plusieurs pays en développement.

Figure 1 : un PPP avec le gouvernement du Rwanda permet à un drone de larguer des provisions très attendues.

Des entreprises et des start-ups ingénieuses utilisent la mobilité exceptionnelle du drone pour atteindre des régions isolées et aider les personnes dans le besoin. Imaginez une femme enceinte, vivant dans une communauté isolée d’un pays en développement, qui aurait besoin d’une transfusion sanguine pour sauver sa vie et celle de son enfant à naître. L’hôpital le plus proche est à des centaines de kilomètres de là et, pourtant, la sage-femme reste calme. Même si cette situation présente évidemment un caractère d’urgence, vous pourriez vous demander pourquoi aucune panique ne se lit sur le visage du personnel médical. C’est un problème auquel sont confrontés de nombreux pays en développement, mais la possibilité que ce sang salvateur ne soit plus qu’à quelques minutes de distance grâce aux drones offre un peu de soulagement.

Éviter les décès grâce à des livraisons rapides de fournitures médicales

Une start-up robotique a obtenu des résultats impressionnants dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement rwandais pour la livraison de fournitures médicales à des hôpitaux et à des centres de transfusion sanguine grâce à ses drones de livraison spécialement conçus[1]. Desservant pas moins de 21 hôpitaux dans tout l’ouest du Rwanda à des vitesses pouvant atteindre 100 km/h, cette approche innovante sauve de nombreuses vies en offrant à plus de 8 millions de personnes[2] l’accès instantané à des fournitures médicales. Alors que les moyens de transport traditionnels pouvaient prendre des heures, il suffit à cette nouvelle approche logistique de quelques minutes (au pire une demi-heure) pour atteindre sa destination.

Au Malawi, un partenariat entre le gouvernement et l’Unicef participe à la lutte contre le choléra. L’épidémie de la maladie, qui s’est déclarée en novembre 2017 et s’est rapidement propagée à six districts avec pas moins de 340 cas recensés, a servi de déclencheur à cette approche innovante. Des scientifiques ont utilisé des drones pour réaliser une cartographie des quartiers de la capitale les plus densément peuplés et donc à haut risque, afin de fournir aux médecins des données leur permettant de planifier et de mettre en œuvre des stratégies et des interventions efficaces pour tenter d’enrayer la progression de la maladie. Des drones sont également utilisés pour livrer des kits de dépistage du VIH à des régions isolées du pays[3].

Après de tels résultats, il n’est pas étonnant que la Tanzanie ait décidé, comme cela a été annoncé début 2018, de se lancer à son tour dans l’utilisation de drones pour sauver des vies grâce à la livraison de fournitures médicales essentielles. Avec la création initiale de quatre centres de distribution, qui fourniront plus d’une centaine de drones et 2 000 vols par jour[4], il s’agit, de loin, de l’engagement le plus important jamais pris par un pays à ce jour, éclipsant le Rwanda qui a déjà réalisé 1 400 livraisons depuis 2016.

Une agriculture de précision pour les ruraux

L’utilisation des drones en Afrique ne se limite pas au secteur de la santé. Des pays comme le Ghana et le Nigéria s’efforcent de trouver des solutions pour améliorer la sécurité alimentaire. Les drones de collecte de données et les outils de cartographie font maintenant partie intégrante de la technologie agricole et permettent de moderniser et d’améliorer les pratiques culturales. L’organisation de développement international financé par l’UE (Centre technique de coopération agricole et rurale – CTA) cible le vaste potentiel des drones agricoles en Afrique. En collaboration avec une start-up française, l’objectif est d’aider les agriculteurs à cartographier leurs champs et à identifier les problèmes des cultures. Grace à des données précises sur leurs parcelles, les agriculteurs pourront mettre en œuvre des pratiques agricoles plus efficaces et améliorer leurs rendements.

Les faibles rendements agricoles enregistrés en Afrique subsaharienne ont conduit à la création d’un partenariat entre plusieurs organisations à but non lucratif qui vont lancer une initiative de 1,6 million de dollars sur deux ans pour développer des outils plus efficaces et plus percutants. Parmi ces outils figurent les drones qui auront pour mission d’améliorer la productivité agricole[5]. Équipés de technologies géospatiales, les drones génèrent des données pour aider les petits agriculteurs à mieux planifier et gérer leurs moyens de production, ce qui leur permet d’améliorer leurs rendements et donc de lutter contre la pauvreté.

Figure 2 : (à gauche) Un drone en train de cartographier un champ d’ananas près d’Accra au Ghana. Source – www.cta.int (À droite) L’utilisation de technologies géospatiales permet de cartographier les parcelles avec précision pour aider les agriculteurs à améliorer leurs rendements. Source – www.technoserve.org

Le secteur du transport offre également de nombreuses opportunités à ceux qui aiment prendre des risques. Le déficit d’infrastructures qui affecte de nombreux pays d’Afrique subsaharienne s’illustre notamment par le manque de routes praticables, ce qui laisse une bonne partie de la population sans accès. Un nouveau type de logistique autonome, introduit par une start-up sud-africaine, a pour but de lutter contre ce problème[6]. Il suffit de regarder l’écosystème pour réaliser que les individus suffisamment courageux pour investir en Afrique en tireront de nombreux bénéfices. La réussite des partenariats entre les gouvernements et les entreprises privées en Afrique vient notamment du fait que les pays africains sont plus ouverts et prêts à accepter l’innovation alors que, dans les pays développés, les start-ups sont soumises à des réglementations très strictes.

La liberté de « voler dans le ciel » offre ainsi au continent la possibilité de passer largement devant de nombreux pays développés. Aussi impressionnante et nécessaire qu’elle soit pour résoudre bon nombre des problèmes de l’Afrique, cette pratique a maintenant besoin d’être encadrée afin de contrôler l’utilisation de ces technologies et d’éviter les atteintes à la vie privée de la part d’entités peu scrupuleuses.

[1] https://www.aljazeera.com/indepth/features/africa-drone-revolution-180123090528801.html

[2] http://www.flyzipline.com/service/

[3] https://www.bbc.com/news/world-africa-35810153

[4] http://money.cnn.com/2017/08/24/technology/east-africa-drones/index.html

[5] http://www.technoserve.org/blog/can-drones-change-africas-agricultural-future

[6] https://www.airbus.com/newsroom/news/en/2018/02/africa-4-future-start-ups-2.html

[4] http://money.cnn.com/2017/08/24/technology/east-africa-drones/index.html

[5] http://www.technoserve.org/blog/can-drones-change-africas-agricultural-future

[6] https://www.airbus.com/newsroom/news/en/2018/02/africa-4-future-start-ups-2.html

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