Aperçus de la conférence

Les « étudientrepreneurs », clé de la réduction du taux d’abandon scolaire

Image from the Professional College of Njombe
Image from the Professional College of Njombe

Alors que le taux d’abandon scolaire reste un problème majeur dans les villes et villages de Tanzanie, un lycée d’enseignement professionnel a décidé de s’attaquer au problème en transformant les élèves en « étudientrepreneurs » grâce à un modèle d’auto-suffisance par lequel l’enseignement paie par lui-même.

Lancé par le Lycée professionnel de Njombe, le projet recrute des filles et des garçons de 16 à 20 ans, issus de régions rurales, qui ont abandonné l’école à la fin de l’école primaire ou au début de l’école secondaire. Il leur donne une deuxième chance d’acquérir des connaissances théoriques et pratiques tout en gagnant et en économisant de l’argent. Evarist Bikorwomuhangi, directeur du lycée, explique qu’en éliminant la question des frais de scolarité et en donnant davantage confiance aux élèves, il serait possible de résoudre le problème d’abandon scolaire du pays.

« On voit bien sur le terrain que la plupart des personnes qui ont abandonné l’école et qui sont maintenant à l’âge adulte ont beaucoup de mal à se lancer dans des activités utiles, capables d’améliorer la production et de contribuer au développement global du pays », explique M. Bikorwomuhangi.

Les élèves du lycée acquièrent des compétences telles que la menuiserie, l’agriculture, la maçonnerie et le travail de la brique, une liste à laquelle le lycée espère pouvoir ajouter l’électricité, la mécanique, la plomberie et la conduite à compter de l’année prochaine. Outre les cours principaux, le lycée enseigne également les technologies de l’information et de la communication, l’informatique, l’anglais, la communication, l’entreprenariat, les aptitudes à la vie quotidienne, l’ingénierie et les mathématiques.

La spécificité de ce projet, c’est qu’en plus de se former à toutes ces compétences, les élèves ont la possibilité de vendre ce qu’ils créent au lycée et de négocier avec confiance de meilleurs prix et services.

« Les élèves suivent d’abord une formation à la commercialisation et à la vente avec le professeur de gestion et le directeur du marketing, explique M. Bikorwomuhangi. Nous avons une boutique à l’école que les élèves utilisent pour vendre certains de leurs produits. Après l’enseignement théorique et la formation dans la boutique de l’école, les élèves vont vendre leurs produits dans la communauté qui entoure l’école et dans la ville de Njombe. »

Non seulement cela permet de payer l’école, mais les élèves peuvent garder une partie de l’argent pour eux-mêmes et bénéficient alors d’un enseignement sur les revenus,  l’épargne et l’investissement.

« Le système fonctionne très bien. Chaque mois, nous vendons environ 10 millions de shillings tanzaniens de mobilier, 7 millions de shillings de poulet et 2,5 millions de shillings de fruits et légumes. Tout est assuré par les élèves, que ce soit au niveau de la production ou de la vente », explique M. Bikorwomuhangi.

« Il nous arrive, bien sûr, de rencontrer quelques difficultés, mais les succès sont largement plus nombreux et la tendance est à la hausse. Nous espérons réussir à améliorer toutes nos activités et à en introduire de nouvelles. »

M. Bikorwomuhangi estime que cette approche pourrait être introduite avec succès dans d’autres régions et d’autres pays d’Afrique. Pour ceux qui le souhaitent, voici quelques-uns de ses conseils :

  • Commencez aujourd’hui plutôt que demain.
  • Réalisez une étude de marché pour savoir ce qui se vend le mieux et comment le vendre au mieux.
  • Entretenez de bonnes relations avec la communauté autour de l’établissement.
  • Investissez dans la qualité et constituez-vous une base de données de clients afin de les tenir informés de ce qui se passe.
  • Expliquez le modèle que vous utilisez à la communauté et parlez-leur de la valeur créée par l’établissement et de l’aide dont les élèves bénéficient.
  • Soyez efficaces au niveau de la production et des livraisons pour éviter que des concurrents ne vous doublent.
  • Assurez-vous que les enseignants, les étudiants, les salariés et la direction comprennent parfaitement le modèle utilisé.

Evarist Bikorwomuhangi parlera de son projet plus en détail lors de la conférence eLearning Africa, qui aura lieu du 20 au 22 mai 2015 à Addis-Abeba en Éthiopie.

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