Aperçus de la conférence

Réinventer l’éducation supérieure : en ligne, gratuite et agréée

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Le fondateur et président de l’Université du peuple, Shai Reshef

Après avoir enfin atteint son objectif et reçu l’agrément en 2014, l’Université du Peuple (UoPeople), première université au monde agréée, gratuite et à but non lucratif, se tourne vers l’Afrique.

Par Annika Burgess

Il y a six ans, l’entrepreneur Shai Reshef est sorti de sa semi-retraite dans l’idée de réinventer l’éducation supérieure. Après avoir enseigné pendant plus de 20 ans, il avait en effet pris conscience de « toute la puissance de l’apprentissage en ligne » à l’occasion du lancement de la première université en ligne créée hors des États-Unis au début des années 2000. « Mais je me suis senti mal à l’aise quand j’ai réalisé que, pour la plupart des gens, c’était encore trop cher », admet-il.

Réalisant que « ce qu’il fallait pour que l’université soit accessible à tous, c’était la rendre disponible et gratuite », il a commencé à proposer des diplômes de gestion d’entreprise et d’informatique gratuits via UoPeople. À ce jour, Shai Reshef a permis à 2 000 étudiants de plus de 150 pays de bénéficier d’un enseignement de niveau universitaire.

« L’Unesco estime que d’ici à 2025, 100 millions d’étudiants seront privés d’enseignement supérieur pour la simple raison qu’il n’y aura pas suffisamment de sièges pour les accueillir. L’apprentissage en ligne a de la place pour tout le monde », explique Shai Reshef, qui sera un des principaux orateurs de la conférence eLearning Africa au mois de mai.

« Je m’étais déjà débrouillé pour transmettre des supports de formation, des ressources éducatives et des technologies open source aux enseignants. Tout ce qu’il restait à faire était de rassembler tout ça, ce que j’ai fait en créant l’Université du Peuple. »

D’après Shai Reshef, trouver des partenaires et des volontaires (comme l’université de New York et Yale) n’a pas posé de problème. « Lorsque j’ai annoncé la création de l’université, j’ai eu droit à un article dans la presse dès le lendemain. Cet article m’a valu des milliers de messages d’enthousiasme de la part d’enseignants. J’ai donc eu très vite à ma disposition un grand nombre de personnes désireuses de se porter volontaires et d’aider. »

C’est l’agrément qui a fini par devenir « le processus le plus long, le plus difficile et le plus onéreux ». Mais, maintenant qu’il dispose de l’aval de la Commission d’agrément de l’éducation à distance (Distance Education Accrediting Commission’s – DEAC), Shai Reshef, président de l’établissement, explique qu’en 2015, l’université va se doter d’un MBA et d’un diplôme de santé (conformément à sa volonté de proposer des diplômes permettant aux étudiants de trouver du travail) tout en poursuivant sa campagne de sensibilisation.

« Maintenant que nous avons l’agrément, nous prévoyons non seulement de continuer à nous développer, mais de le faire encore plus vite. La deuxième chose que nous prévoyons de faire en 2015, c’est de mettre l’Afrique en haut de la liste de nos objectifs. Nous estimons que ce continent a besoin de nous plus qu’aucun autre. »

Ce qui différencie l’université des autres systèmes d’éducation en ligne comme les MOOC (cours en ligne ouverts et massifs), ce sont ses taux de persévérance. L’UoPeople affiche un taux de persévérance de 95 %, sans vidéo ou autre technologie complexe. En effet, elle met plutôt l’accent sur les petites classes, l’interaction entre pairs et l’attention personnelle. Il est demandé aux étudiants de participer à des discussions hebdomadaires, de faire des devoirs et d’évaluer leurs pairs. Cette méthode a donné d’excellents résultats, non seulement en termes de motivation, mais aussi pour donner aux élèves une expérience internationale. Sachant que les classes sont composées d’étudiants du monde entier, l’UoPeople forment les étudiants à la manière de penser et de travailler des autres cultures, ce qui permet de les préparer au marché du travail.

« L’apprentissage peer-to-peer est essentiel, mais je pense qu’il est aussi très important de réaliser qu’avec les MOOC, une classe peut contenir des milliers d’étudiants alors que les nôtres comptent au maximum une trentaine d’élèves. La différence est énorme car elle nous permet d’offrir un enseignement personnalisé à ceux qui en ont besoin », explique Shai Reshef.

« Sachant que, pour de nombreux étudiants, il n’y a pas d’autre choix. Le fait que nous offrions une éducation gratuite permet à beaucoup de jeunes, qui n’auraient autrement pas pu aller à l’université, de venir étudier chez nous. Ces étudiants réalisent qu’il s’agit de la chance de leur vie. Ils veulent réussir. Et ils font tout pour réussir. »

Même si l’université est gratuite, il est demandé aux étudiants de payer des frais d’examen de 100 $, mais une aide financière est à la disposition de ceux qui n’en ont pas les moyens.

Shai Reshef espère que ses méthodes vont se propager et que d’autres se lanceront dans l’aventure pour changer le statut de l’enseignement, qui ne doit plus être un privilège réservé à une élite mais un droit de base, abordable et accessible à tous.

Voici le conseil qu’il donne à ceux qui auraient envie de se lancer : « Vous devez disposer de connaissances, mais aussi trouver la bonne pédagogie et les bonnes personnes. Plus que tout, nous avons construit un modèle, un modèle que d’autres pourront reproduire, et nous les y aiderons. À condition de ne jamais sacrifier à la qualité et d’être prêt à faire absolument tout ce qu’il faut pour atteindre votre objectif, vous y arriverez. »

Le fondateur et président de l’Université du peuple, Shai Reshef, s’exprimera lors de la conférence eLearning Africa, qui aura lieu du 20 au 22 mai 2015 à Addis-Abeba, Éthiopie.

 

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