Horizons d'avenir

La fracture numérique en Afrique : Un nouveau rapport appelle à d’urgentes innovations dans le domaine des technologies de l’information et de la communication ainsi qu’à une action politique de grande échelle.

Un rapport avant-gardiste présenté lors de la conférence eLearning Africa 2025 définit les actions nécessaires pour surmonter les principaux obstacles entravant  l’évolution des technologies de l’information et de la communication. D’importantes lacunes en matière d’infrastructure numérique sur le continent impliquent un besoin urgent d’innovation, certains pays signalant que seulement 2 % des écoles primaires sont connectées à l’internet. Le rapport met en lumière une vague de politiques innovantes qui démontrent leur capacité à surmonter ces obstacles pour transformer l’éducation.


L’étude complète, « Leading Perspectives on the State of Digital Courseware in Low-Resource Countries« , produite par l’Alliance mEducation et la Fondation Spix, regroupe les points de vue de 41 fonctionnaires ministériels, d’experts mondiaux, de donateurs et professionnels au Kenya, au Ghana, au Rwanda, au Malawi, en Tanzanie, au Libéria, en Gambie et en Zambie.

« Cette recherche est d’une importance capitale car elle identifie à la fois les obstacles structurels et les solutions pratiques qui se sont avérées efficaces dans divers contextes africains », a déclaré Anthony Bloome, fondateur et directeur exécutif de l’Alliance mEducation. « En documentant les innovations de plusieurs pays et en rassemblant les voix de tout le continent, nous pouvons accélérer les progrès grâce à l’apprentissage partagé plutôt que de réinventer des solutions dans chaque pays. »

Le rapport souligne qu’en dépit de ressources limitées, les pays africains font preuve de progrès et d’innovation dans le domaine de l’éducation numérique. Au Kenya, le programme gouvernemental d’alphabétisation numérique (DLP) a fourni des appareils numériques à plus de 20 000 écoles primaires publiques et formé plus de 75 000 enseignants, dans le but d’intégrer la technologie dans le programme d’études et de favoriser l’acquisition de compétences du XXIe siècle par les étudiants. Le Ghana exploite des didacticiels numériques par l’intermédiaire de sa plateforme de gestion de l’apprentissage (LMP), développée en collaboration avec la Zambie, pour offrir des leçons préenregistrées et du matériel pédagogique alignés sur les programmes des deux pays, en particulier en mathématiques et en anglais pour les classes de 7 à 9 ans, avec des projets d’expansion. Le rapport note également que le Rwanda fait progresser l’éducation numérique grâce à des cadres politiques et des partenariats solides, notamment avec la Banque mondiale, soulignant la nécessité de stratégies technologiques éducatives spécifiques qui vont au-delà de la simple mise en œuvre généralisée des TIC. Ces efforts au niveau national illustrent le caractère collaboratif et adaptatif de l’éducation numérique.

« Nos résultats révèlent à la fois des innovations extraordinaires et des défis persistants dans le paysage de l’éducation numérique en Afrique », a déclaré John Kimotho, ancien directeur des médias éducatifs au Kenya Institute of Curriculum Development. « La pandémie de COVID-19 a fait passer la pratique avant la politique dans de nombreux pays, avec des approches telles que les téléphones mobiles et les réseaux sociaux pour l’éducation qui ont prospéré malgré l’absence de cadres politiques formels. Nous devons maintenant codifier ces pratiques réussies dans des politiques globales qui traitent spécifiquement de l’interopérabilité, de l’infrastructure et du développement de contenus culturellement pertinents. »

Le rapport appelle à une action décisive sur plusieurs fronts, notamment :

  • Développement de plateformes open-source et de protocoles de partage de données pour permettre l’accès au contenu éducatif sans être enfermé dans des systèmes propriétaires
  • Priorité aux approches hors ligne qui fonctionnent de manière transparente sans nécessiter de connexion permanente à l’internet
  • Investissement dans le développement professionnel des enseignants spécifiquement axé sur la pédagogie numérique et l’intégration pratique en classe
  • Création de stratégies pour l’assurance qualité qui privilégient l’accessibilité, le caractère abordable et l’adaptabilité aux contextes locaux
  • Établissement de normes à l’échelle du continent pour les plateformes d’apprentissage numérique afin d’améliorer l’évolutivité et la compatibilité

Cette recherche arrive à un moment critique, alors que les pays africains s’efforcent de préparer 23 millions de diplômés STEM supplémentaires d’ici 2030 pour répondre à la demande croissante dans les secteurs de l’ingénierie, des soins de santé et des technologies de l’information, selon le Forum économique mondial.

Le rapport complet est disponible sur le site web de l’Alliance mEducation ici.

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