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« Les MOOC, une obligation et non un luxe »

1280px-Cairo_University-6Avec le lancement de la Banque de données, l’Égypte s’est positionnée comme un des leaders africains de l’éducation en libre accès. Il n’est donc pas étonnant que le thème des MOOC (cours en ligne ouverts et massifs) fasse l’objet d’une attention particulière au Caire. Le Dr Zeinab El Maadawi, professeur adjointe et experte en eLearning et en gestion de l’enseignement international à la faculté de médecine de l’université du Caire, s’est penchée sur les interactions entre les étudiants égyptiens et les MOOC et a publié certaines de ses conclusions sur le Portail d’Actualités d’eLearning Africa.

 Mme El Maadawi connaît bien les MOOC, puisqu’elle y a elle-même participé à maintes reprises sur des thèmes aussi variés que la gestion et le leadership, les sciences biomédicales ou la « Qualité dans l’apprentissage numérique ». Elle les a également utilisés pour son propre enseignement, dans des circonstances un peu exceptionnelles. En 2013-2014, l’université du Caire a dû suspendre les cours pendant quelques semaines. Le seul moyen d’enseigner aux étudiants en médecine pendant cette période a donc été par Internet. C’était alors, comme elle l’explique, « une obligation plutôt qu’un luxe ».

Des enseignements plus généraux peuvent toutefois être tirés de cette expérience particulière. En effet, les MOOC ne doivent pas être considérés comme un luxe mais comme un impératif éducatif. Là où le rayon d’action des universités traditionnelles s’arrête, les formations en ligne peuvent prendre le relais en comblant certaines lacunes. La jeunesse africaine est confrontée à des niveaux de chômage particulièrement élevés. Il est donc crucial de trouver des moyens d’apporter à ces jeunes les compétences dont ils ont besoin. C’est là que les MOOC peuvent entrer en jeu.

« Élaborées par de bonnes universités, les ressources éducatives libres actuellement disponibles telles que les MOOC pourraient être utilisées, adaptées et personnalisées en fonction des besoins des étudiants, de leur culture et du contexte, explique Mme El Maadawi. Dans ce cas, les MOOC peuvent être utilisés soit de manière autonome soit dans le cadre d’un format d’apprentissage mixte, c’est-à-dire en association avec un enseignement traditionnel à l’université. »

L’Égypte dispose déjà de la communauté d’étudiants en MOOC la plus active non seulement de la région arabe, mais aussi de toute l’Afrique, ce qui fait du pays un lieu idéal pour enquêter sur la réussite du modèle. Mme El Maadawi a mené une analyse de l’apprentissage auprès des participants égyptiens. Elle présentera les conclusions de ces travaux à l’occasion de l’édition 2016 de la conférence eLearning Africa. Même si la réussite du format en Égypte est claire, elle a identifié plusieurs obstacles qui nuisent à son développement dans l’ensemble de l’Afrique.

Parmi les principaux obstacles figurent notamment les problèmes récurrents de connectivité et de localisation, à la fois en termes de langue et de contexte. Selon elle, les appareils mobiles permettent de résoudre le premier problème, sachant que la majorité des fournisseurs de MOOC autorise l’accès par ce biais. La localisation est une question plus compliquée, la plupart des supports étant produits par des universités européennes et américaines et proposés en anglais, alors que les études sur l’enseignement référencées par Mme El Maadawi suggèrent que les « étudiants s’engagent et participent davantage s’ils apprennent dans leur langue maternelle ». La motivation baisse également si le contenu n’est pas « adapté au contexte africain. Par exemple, dans un MOOC sur l’entreprenariat, il serait plus sensé d’utiliser des études de cas et de faire référence à des réussites compatibles avec la culture et l’environnement africains locaux ».

Selon Mme El Maadawi, la solution consiste à « impliquer le gouvernement et les universités tout en utilisant les MOOC dans un format plus personnalisé, en tenant cependant soigneusement compte des problèmes de propriété intellectuelle ». La collaboration entre les établissements publics et les plates-formes qui dispensent les MOOC devrait permettre de produire de meilleures formations avec des applications plus viables et mieux adaptées aux contextes locaux. Et, bien sûr, il est essentiel que le processus d’apprentissage offert par les formations en ligne ainsi que les opportunités qu’elles apportent soient reconnus. C’est le message que Mme El Maadawi souhaite faire passer au Caire cette année.

« La présence de la conférence eLearning Africa en Égypte cette année nous permettra de faire passer le message et de rapprocher les acteurs internationaux des différents secteurs, avec des professionnels de l’enseignement, des représentants gouvernementaux de haut niveau et des chefs d’entreprise venant d’Égypte et d’autres pays. »

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