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L’enseignement supérieur de retour dans les programmes de développement

Lecture by CEHURD CEHURD
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Les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale attirent, cette année, des milliers de personnes à Washington D.C. L’année 2015 est, en effet, particulièrement importante pour le développement international car elle marque la fin des « Objectifs du Millénaire pour le développement (2000-2015) » et le lancement des nouveaux « Objectifs de développement durable (2016-2030) » des Nations unies.

Par Guy Pfeffermann, fondateur et PDG du Global Business School Network

Le projet d’ODD pourrait être synonyme de bonnes nouvelles pour les universités des pays en développement, y compris pour les écoles de commerce. L’enseignement supérieur ne figurait, en effet, dans aucun des huit objectifs des OMD, qui ne traitaient que de l’enseignement primaire. Cela n’aurait pas dû empêcher les agences de développement, telles que la Banque mondiale et les banques régionales de développement, de mettre l’accent sur l’enseignement supérieur, mais, dans la réalité, les universités sont, depuis une quinzaine d’années, largement négligées. Ne me demandez pas ce que les rédacteurs avaient à l’esprit lorsqu’ils ont exclu l’enseignement secondaire et supérieur des OMD ! Peut-être estimaient-il que les écoles primaires étaient capables de se développer joyeusement sans cursus de formation des maîtres ?

Je me rappelle Larry Summers parlant des OMD au moment de leur lancement. Il les considérait comme bénéfiques pour attirer l’attention et les financements. Mais il avait également, avec sagesse, évoqué le risque que les bureaucraties en charge du développement se mettent à considérer les huit objectifs comme limitatifs, au détriment d’autres facteurs clés de la prospérité. Et c’est exactement ce qui s’est produit. De fait, à une époque, toutes les propositions de dépenses de la Banque mondiale devaient être liées à la réalisation des OMD (y compris, de manière insensée, les demandes de budget pour des ordinateurs de bureau et autres éléments de ce genre).

Entre les OMD et les ODD, le nombre d’objectifs a plus que doublé et la portée de la plupart des objectifs est beaucoup plus large. L’enseignement primaire n’est plus isolé dans le quatrième ODD : « Veiller à ce que tous puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’équité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». En bref, la « communauté du développement » (organismes d’aide gouvernementaux, institutions financières internationales, fondations et autres organisations non-gouvernementales) ne sera plus confrontée à des obstacles politiques/bureaucratiques si elle souhaite mettre l’accent sur l’élargissement et l’amélioration du développement des universités.

Les institutions de développement officielles ont immédiatement pris acte de ces nouvelles pistes. Le site Internet de la Banque mondiale contient une page sur l’enseignement supérieur qui pose la question : « pourquoi l’enseignement supérieur est-il important ? » et qui explique que la Banque mondiale donne la priorité à « l’amélioration de la qualité et de la pertinence de l’enseignement supérieur ». La Banque Africaine de Développement a publié un rapport phare intitulé : « Stratégie pour l’enseignement supérieur, la science et la technologie ». La Banque asiatique de développement a récemment publié une série d’études intéressantes sur l’enseignement supérieur, qui sera présentée lors de la 10e conférence annuelle du Global Business School Network à Manille, du 4 au 6 novembre. Une des principales conclusions de ces études est que la « qualité (et la pertinence) de l’enseignement et de la formation semble être davantage une contrainte obligatoire que le nombre d’étudiants ». Elles notent également que la « coexistence d’une demande importante de professionnels, de taux de chômage assez élevés pour les diplômés de l’université et de délais relativement longs pour réussir à pourvoir certains emplois suggère l’existence d’inadéquations de compétences entre le marché du travail et l’enseignement supérieur ». Ce problème n’est pas nouveau pour ceux d’entre nous qui œuvrent au renforcement des capacités éducatives dans les pays en développement, mais il ne figurait pas, jusqu’à présent, parmi les priorités des grands acteurs de la communauté du développement.

Pour les leaders, les dirigeants et les enseignants des pays en développement, c’est une bonne nouvelle.

 

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